Organes et tissus : aux Etats-Unis, l’exploitation commerciale massive des éléments du corps humain

Publié le 14 Oct, 2019

En juillet 2003 aux Etats-Unis, l’Uniforme Anatomical Gift Act a été adopté. Il règlemente le commerce des éléments du corps humain prélevés sur personnes décédées. Il s’est diffusé dans 46 états, quasiment au mot près, « sous la pression des lobbyistes de l’industrie du commerce de tissus provenant de cadavres humains ».

 

Ces compagnies sont habilitées par une loi fédérale de 1984 à récupérer les cœurs et autres organes des morts dans l’espoir d’aider les patients malades. En 2003, cependant, certains avaient commencé à récolter les os, la peau et d’autres tissus que l’industrie biotechnologique utilise comme matières premières. Aujourd’hui, la vente de tissus humains est une activité mondiale de plusieurs milliards de dollars.

 

Pour convaincre les gens de devenir donneurs, les entreprises d’approvisionnement mentionnent rarement qu’une part croissante de cette industrie, plusieurs milliards de dollars, est destinée à la chirurgie esthétique ou que, contrairement aux organes, les tissus ne font la plupart du temps pas l’objet d’un besoin immédiat. Parmi les innovations les plus en vogue, Renuva, une seringue remplie de graisse humaine est utilisée pour repulper les lèvres, les joues et les fesses.

 

Ces sociétés se décrivent comme des organismes de bienfaisance et la loi impose qu’elles soient enregistrées à titre d’organismes sans but lucratif. Pourtant, beaucoup d’entre elles consacrent des sommes considérables à des campagnes promotionnelles et à des opérations de lobbying élaborées ; elles adoptent des plans stratégiques visant à augmenter leurs revenus. Ces campagnes font la promotion du don d’organes, de même, sans préciser que la loi ouvre aussi aux dons anatomiques : la peau, les os…

 

La loi oblige les coroners et les médecins légistes à « coopérer » avec les entreprises « afin de maximiser les possibilités de récupérer les dons anatomiques à des fins de transplantation, de thérapie, de recherche ou d’éducation ». Dans leur hâte de prélever ces tissus humains, les entreprises entravent les enquêtes sur les décès empêchant de recueillir ou de conserver des preuves permettant de déterminer la cause du décès, les médecins légistes n’étant plus en capacité de refuser des prélèvements avant l’autopsie.

 

Ces entreprises récoltent désormais de telles quantités de tissus prélevés sur des Américains décédés qu’elles les exportent de plus en plus à l’étranger, notamment au Canada : une étude de 2017, montre que les importations de peaux d’américains décédés « ont bondi de 25 % en 2012, selon une analyse, avec une croissance à deux chiffres similaire prévue jusqu’en 2017 ».

Los Angeles Times, Melody Petersen et David Willman (13/10/2019) – How organ and tissue donation companies worked their way into the county morgue

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