Opposition du gouvernement à l’euthanasie

Publié le 25 Jan, 2011

Plusieurs personnalités politiques, dont François Fillon, Xavier Bertrand et Bernard Debré  disent leur opposition à l’euthanasie et leur volonté de soutenir le développement des soins palliatifs et l’application de la loi du 22 avril 2005, dite loi Leonetti.

Dans Le Monde.fr, le Premier ministre François Fillon affirme que la question de "savoir si la société est en mesure de légiférer pour s’accorder le droit de donner la mort" est une "limite" qui ne doit pas être franchie. Tout en mesurant les arguments de ceux qui "s’interrogent sur la nécessité d’écourter la vie"  devant certaines situations éprouvantes, François Fillon souligne le caractère très dangereux d’un dispositif qui donnerait le droit, légalement, de faire mourir une personne. Il prévient que derrière les formules "aide active à mourir" et "assistance médicalisée pour mourir" de la proposition de loi adoptée le 18 janvier 2011 par la commission des affaires sociales du Sénat (Cf. Synthèse de presse du 19/01/11), il s’agit bien de "la question de l’euthanasie, c’est-à-dire celle de l’acte consistant à mettre fin à la vie d’une personne", acte dont il est nécessaire de "mesurer toutes les conséquences". François Fillon pointe plusieurs dangers de la proposition de loi : celle-ci entoure de "conditions imprécises" la mise en oeuvre de l’acte euthanasique et ne prévoit "aucune obligation explicite de consultation, ni même d’information de la famille du malade". En outre, "le contrôle des actes ne serait effectué qu’a posteriori par une commission" : mesure dont on peut deviner les dangers, tant pour "les droits des personnes en fin de vie" que pour les soignants qui se retrouveraient "seuls face à l’incertitude d’un risque pénal lourd". Pour le Premier ministre, il est nécessaire de voir à quel point "la question de la souffrance en fin de vie est complexe et ne peut se résumer à quelques idées simples". François Fillon se dit personnellement opposé à la "légalisation d’une aide active à mourir" qui ne rejoint pas sa vision du "respect de la vie humaine et des valeurs qui fondent notre société". Les "sondages ou les humeurs de l’instant" ne peuvent guider la réflexion sur les questions de la fin de vie qui ont de larges résonnances éthiques et de lourdes conséquences sociales et médicales : "c’est bien de vie et de mort qu’il s’agit. C’est bien du prix de ces derniers instants, profondément humains même quand l’espoir d’une guérison a disparu, qu’il est question". François Fillon rappelle les efforts entrepris par le gouvernement pour la prise en charge des personnes en fin de vie avec notamment le programme de développement de soins palliatifs (Cf. Synthèses de presses du 10/02/10, du 26/11/10 et du 01/12/10). Pour François Fillon, la loi du 22 avril 2005 donne un cadre offrant des réponses adaptées aux situations de fin de vie "en proscrivant l’obstination déraisonnable de soins, en autorisant la limitation ou l’arrêt de traitement ainsi que l’usage des antalgiques", et en reconnaissant "le droit du malade à demander une limitation ou un arrêt de traitement". "Plutôt que de légiférer dans la précipitation […] nous devons poursuivre le renforcement de la culture palliative en France, mettre en œuvre scrupuleusement le programme de développement des soins palliatifs et approfondir le débat sur la prise en charge de la fin de vie" conclut-il.

Xavier Bertrand, ministre de la santé, a également déclaré sur RMC qu’il n’était pas favorable à cette proposition de loi sur l’euthanasie. "Je suis pour le développement des soins palliatifs, je suis pour l’application pleine et entière de la loi de 2005 […] les Français veulent qu’on accompagne, qu’on évite les douleurs insupportables mais qu’on soit dans une logique où on ne bascule pas, on ne change pas de système" a-t-il affirmé, précisant qu’il sera présent le 25 janvier 2011 au Sénat pour défendre la position du gouvernement.

Bernard Debré, ancien ministre, député de Paris, a également dénoncé cette proposition de loi dans un texte intitulé "la pitié dangereuse".

Le Monde.fr 24/01/11 – Le Point.fr (Laure Bretton) 24/01/11 – Le Parisien.fr  24/01/11 – Gènéthique

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