Des scientifiques de l’Université de l’Etat de l’Ohio (Ohio State University) sont parvenus à créer un cerveau humain presque entièrement formé à partir de cellules de la peau humaine. Rene Anand, le meneur du projet, a présenté son étude le 18 août à Fort Lauderdale, en Floride.
Ce cerveau minuscule, de la taille de celui d’un fœtus de 5 semaines, est « le cerveau humain le plus développé jamais crée », affirme Rene Anand en rappelant que « si des cerveaux allant jusqu’à la taille de ceux des fœtus de neuf semaines ont bien été crées ils n’étaient jamais totalement complets ». Cette fois, « 99% des différents gènes et cellules d’un cerveau normal » ont été reproduits.
Les chercheurs ont utilisé des cellules de la peau qu’ils ont transformées en cellules pluripotentes, c’est-à-dire pouvant être programmées pour devenir n’importe quel tissu cellulaire du corps. Ils ont ensuite « utilisé ces cellules dans un environnement les forçant à se développer pour se transformer en cerveau ». « Nous aurions besoin d’un cœur artificiel pour aider le cerveau à se développer d’avantage », explique Rene Anand.
Cette technique pourrait révolutionner la médecine personnalisée. « Si vous avez une maladie héréditaire, par exemple, vous pourriez nous donner un échantillon de cellules de votre peau et nous pourrions faire un cerveau sur-mesure », explique Rene Anand. Il serait également possible de « tester l’effet de diverses toxines sur un cerveau en pleine croissance » ainsi que des médicaments expérimentaux visant à soigner des maladies neurologiques comme Alzheimer ou Parkinson. « Les questions éthiques ne s’appliquent pas dans ce cas puisqu’il n’y a aucun stimulus sensoriel qui l’atteint. Ce cerveau ne pense d’aucune façon », précise Rene Anand.
Cependant de nombreuses données de l’étude n’ont pas été publiées par Rene Anand et son équipe qui prétextent que leur technique est « brevetée ». Ce manque de transparence éveille la méfiance de plusieurs chercheurs qui invitent à accueillir avec prudence l’annonce de cette première scientifique.
L’Express (19/08/2015)