OGM : point de rupture entre les Etats-Unis et l’Europe

Publié le 25 Juin, 2003

 Ces dernières semaines deux réunions scientifiques ont eu lieu à Paris sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) montrant la division des chercheurs sur cette question. Le 10 juin, lors de l’International Council for Science (ICSU), était présenté un rapport visant à rassurer le public sur les OGM. Les 20-21 juin, la revue L’écologiste et l’association OGM Dangers montraient qu’un nombre non négligeable de scientifiques s’opposait fermement à la dissémination des cultures transgéniques. A ces journées, Charles Benbrook, ancien secrétaire de l’académie des sciences pour l’agriculture aux Etats-Unis, expliquait que l’Europe “n’a pour l’instant aucun intérêt à se lancer dans l’aventure [des OGM]” car elle “a en matière agricole bien d’autres problèmes urgents à résoudre…“.

 

Sur un autre plan, celui de la politique, la question des OGM oppose directement les Etats-Unis à l’Union européenne (cf. revue de presse du 24/06/03). Lundi soir, le président américain George Bush, lors d’une conférence sur les biotechnologies organisée par des semenciers américains, dénonçait la position de l’Europe qui se base “sur des craintes non fondées et non scientifiques“. Il a appelé les gouvernements européens à cesser de s’opposer à la biotechnologie “pour le bien du continent [africain] menacé par la famine“.

 

Washington est définitivement rangé aux arguments des lobbies biotech (Monsanto, Aventis Sygenta, Dupont et Dow) qui assurent 90 % de l’alimentation transgénique américaine. Ainsi, l’administration américaine s’inquiète de la forte réticence des européens à consommer des produits transgéniques et craint un marché européen des OGM très encadré. Du côté des pays en voie de développement, elle a multiplié les pressions afin qu’ils acceptent des aides alimentaires à base d’OGM. Ainsi, en 2001, les Etats-Unis ont menacé le Sri Lanka d’une rétorsion de 191 millions de dollars en textile s’il se dotait d’un moratoire anti-OGM.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), principalement financé par les Etats-Unis, est la seule administration de l’ONU à défendre les OGM. Pour Jacques Diouf, directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), les OGM ne sont pas nécessaires. Les priorités sont “l’eau, les infrastructures, les routes, le stockage et les capacités de conditionnement des denrées“.

Demain, débute à Washington le sommet “Union européenne – Etats-Unis” …

Le Monde (Hervé Kempf) 25/06/03 – La Croix (Marie Verdier) 25/06/03 – Libération (Christian Losson) 25/06/03 – Le Nouvel Observateur (Cécile Dumas) 27/06/03

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