Dans la rubrique "Horizons-débats" du journal Le Monde, Jean-Pierre Berlan, directeur de recherche à l’INRA et Richard Lewontin, professeur de génétique des populations à l’université Harvard (Cambridge, Massachussets) proposent un autre terme pour parler des OGM.
Le choix d’un terme est rarement neutre lorsque des enjeux considérables sont en cause. Le terme OGM pour Organisme Génétiquement Modifié inscrit la mise au point de ces nouvelles plantes – et plus tard de nouveaux animaux – dans la logique de sélection des variétés. Cette pratique codifiée par John le Couteur en 1836 permet de constituer des clones en plantant uniquement des graines issues de plantes portant les caractères recherchés. Générations après générations, on obtient des variétés biologiquement appauvries, mais intéressantes économiquement. Le terme OGM laisse penser que "l’on poursuit par des méthodes plus précises et fiables" un effort qui date des débuts de la domestication.
Hors, ce qu’on appelle un OGM est en fait, selon les deux chercheurs, un "Clone Chimérique Breveté". Clone, car toutes les semences ont un patrimoine génétique identique et Chimérique, car ce patrimoine est "un assemblage de gènes en provenance d’ordres, de règnes, d’espèces différentes." Ce qui représente "un saut technique dans l’inconnu."
En obtenant des Etats-Unis et de l’Union européenne la brevetabilité de ces nouveaux êtres vivants, le cartel des semenciers a réussi à rompre le cycle fondateur de l’activité agricole qui consiste à pouvoir planter les graines.
Libération 18/06/04