“ Nous t’avons tant aimé. L’euthanasie, l’impossible loi” de Bernard Debré

Publié le 31 Juil, 2004

Une majorité de français serait favorable à une loi sur l’euthanasie. Mais ont-ils bien tous en tête la même définition du mot “ euthanasie ” ? “ L’euthanasie, c’est souvent “ oui ”… sauf quand on y est confronté ! ” constate le Professeur Bernard Debré qui décrit dans son livre la diversité des situations pour mieux faire comprendre qu’elle ne saurait être gérée uniformément par une loi.

 

Mourir dans la dignité

 

Ce n’est pas la mort qui est indigne, c’est l’absence d’accompagnement. Voilà bien l’étrange paradoxe du XXIème siècle : présenter l’euthanasie comme un progrès, alors que notre époque détient enfin les moyens de supprimer la douleur physique et même souvent psychologique. Comment une loi ne serait-elle pas ambiguë quand on connaît l’ambivalence du mot “ dignité ” ? Et qui a le droit de décider non seulement de la dignité de quelqu’un d’autre, mais encore des moyens à employer pour la lui rendre ?

 

Et, finalement, ne s’agit-il pas d’abord de notre dignité ? Ce que nous reprochons à ces vieillards, à ces infirmes, n’est-ce pas au fond de n’être pas dignes de nous ? “ N’est-ce pas d’être sortis de nos critères et d’imposer à nos regards l’insoutenable miroir de notre avenir ? ”

 

Les dérives prévisibles

 

La première des dérives provoquée par une loi sur l’euthanasie serait une dérive financière : quand on sait que la dernière année de chaque français coûte plus cher à la collectivité que toute sa vie antérieure, pourquoi ne pas supprimer cette dernière année… ? Viendrait ensuite la dérive eugénique, avec la liste des pathologies qui deviendraient justiciables de l’euthanasie : handicaps lourds, démences séniles, cancers, sidas au stade terminal… Et pourquoi pas les trisomiques, les gros, les laids… ?

 

Cette dérive eugéniste d’État ne favoriserait-elle pas, en outre, une dérive criminogène de la société, sans compter la judiciarisation accrue d’une société devenue, soudain, l’empire du soupçon : ce malade a-t-il été tué par compassion ou parce que ses voisins en avaient assez d’attendre la fin du viager ? Et ce directeur de clinique, qui ne songe qu’à libérer des lits pour rentabiliser son établissement, n’aurait-il pas extorqué une signature à ce vieux monsieur ?

 

Désacralisation de la vie anténatale

 

A l ‘autre bout de la chaîne, au commencement de la vie, Bernard Debré adopte en revanche une position utilisatrice de l’embryon et du foetus. L’auteur en effet explique que la révolution génétique donne l’immense pouvoir de modifier la vie, depuis la conception jusqu’à la naissance ; il approuve tant l’autorisation de l’avortement que la recherche sur les embryons surnuméraires, le clonage dit thérapeutique et la conception de “ bébés médicament ”, du moment que la société est capable aussi de défendre les plus faibles et les enfants handicapés que leurs parents auront choisis de faire vivre. “

 

C’est la naissance qui désormais fonde l’homme sociétal, dont la vie devient sacrée en ce qu’elle est un maillon de la société. ” Qu’il nous soit permis de le regretter…

 

“ NOUS T’AVONS TANT AIMÉ. L’EUTHANASIE, L’IMPOSSIBLE LOI ”
Par le Professeur Bernard Debré
Édition Le Cherche midi – 2004

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