Le groupe d’intellectuels catholiques Paroles revient sur la question de légiférer sur l’euthanasie. Cette question est récurrente dans l’actualité "sous l’effet d’un groupe de militants de la "bonne mort" mais aussi de la médiatisation de certains cas et de l’inquiétude des médecins menacés par la judiciarisation".
Tout en montrant dans quel contexte les patients demandent l’euthanasie, le groupe Paroles rappelle que ces demandes sont "extrêmement rares" dans les services de soins palliatifs car la souffrance y est supprimée, voire atténuée et les familles soutenues, entourées. Il faut "généraliser l’hospitalisation de répit familial".
La loi de mars 2002 institue pour le malade le droit de refuser l’acharnement thérapeutique. Paroles dénonce l’emploi de la notion d’"euthanasie passive" pour qualifier l’arrêt de ce type de pratique.
Le groupe Paroles explique que pour apporter une réponse aux problèmes de fin de vie, il faut d’abord réfléchir sur ce que signifie la "bonne mort". Ne devons-nous pas "aider notre culture à sortir de l’idéal totalitaire du corps parfait" ? "L’enjeu sociétal n’est-il pas simplement de sortir de la froideur culturelle occidentale, dont la "solitude des mourants" (…) est un des signes majeurs ?". Le groupe Paroles a la conviction que "la vraie dignité est de mourir relié aux autres".
L‘interdit d’euthanasie doit être maintenu tout en laissant la possibilité d’une "transgression de conscience".
Le groupe Paroles souhaite que soit développé "très concrètement" l’accompagnement de la décision éthique au sein des hôpitaux. Ainsi le Centre d’éthique clinique (CEC) de l’hôpital Cochin à Paris aide patients, familles et équipes médicales à décider dans des cas éthiquement difficiles.
Enfin, le groupe Paroles appelle à "regarder en face une vérité douloureuse : quelles que soient les mesures prises pour hâter la mort ou pour soulager l’agonie, nous ne pourrons effacer la souffrance du mourir (…) que nous aurons tous à vivre".
La Croix (Libre Opinion) 07/10/04