Les raisons invoquées pour demander l’euthanasie en Belgique et au Pays Bas « nous choquent » : « peur de la solitude », refus d’entrer dans une maison de retraite, anorexie… (cf. Euthanasie de la jeune néerlandaise : L’« extraordinaire » échec d’ « un message profondément négatif adressé aux survivants d’abus sexuels » ). Le recours de plus en plus fréquent à l’euthanasie « pour des personnes atteintes non seulement de maladies psychiques mais aussi de souffrances d’ordre psychiatrique » ne laisse pas indifférent.
Nous sommes « horrifiés mais pourtant c’est ce qui finira par arriver si on légalise l’euthanasie en France ». Car « ce qui nous révulse dans ce droit à l’euthanasie élargie aux souffrances psychiques, c’est le droit à l’euthanasie lui-même ».
Certains prétendent que « les raisons que l’on invoque pour cesser de vivre sont après tout une affaire privée ». Mais ces raisons ne sont-elles pas les « symptômes des tortures infligées aux individus par notre organisation sociale » ? Une société comme la nôtre « dans laquelle les individus malheureux sont livrés à eux-mêmes, une société qui produit de plus en plus de solitudes, une société qui se désintéresse des liens au profit du faire et de l’avoir » peut-elle se permettre d’ « instaurer un droit à mourir » ? Celui-ci « ne dissimulerait-il pas alors des assassinats d’Etat » ?
Libération, Marcela Iacub (4/06/2016)