« New Breeding Techniques » : vers l’utilisation de « nouveaux OGM » qui ne disent pas leur nom ?

Publié le 30 Mar, 2021

Le 18 mars, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a auditionné « une quinzaine de personnalités » sur « les avantages, les limites, et l’acceptabilité » de nouvelles techniques de sélection végétale (New Breeding Techniques ou NBT). Ces techniques « permettent de modifier le génome d’une plante sans intégrer de gène d’une autre espèce », en faisant appel à des outils tels que les « ciseaux génétiques » Crispr-Cas9.

Cette audition intervient alors que la Cour de justice européenne avait jugé dans un arrêt du 25 juillet 2018 que ces nouvelles techniques de sélection végétale « doivent être encadrées par la directive réglementant les OGM ». Une décision confirmée par le Conseil d’État le 7 février 2020. Pourtant, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie affirmait le 18 janvier 2021 que « les NBT ne sont pas des OGM mais des technologies qui permettent d’accélérer la sélection végétale ».

Des avis controversés

Pour les promoteurs des NBT, ces techniques sont « stratégiques », afin d’accélérer la sélection « de nouvelles variétés adaptées au changement climatique et résistantes aux maladies ». A l’opposé, les détracteurs alertent contre « une intervention artificielle de l’homme qui doit être étroitement contrôlée », notamment « parce qu’on n’a pas de recul sur les effets de cette intervention ».

Les modifications génétiques « sont censées être très précises, explique Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace France. Mais on n’a aucune garantie qu’il n’y ait pas de modification du génome à d’autres endroits car il n’y a pas de séquençage de génome en entier : en dehors de la zone du ciseau, les chercheurs travaillent par modélisation ». Et il existe un risque « de voir l’ensemble des semences brevetées et de perdre la souveraineté alimentaire ».

Des expérimentations en cours, l’intérêt des industriels

« Plus de 50 espèces végétales comme le blé ou la vigne font l’objet de telles expérimentations », indique Fabien Nogué, directeur de recherche à l’Inrae et responsable de l’équipe Réparation de l’ADN et ingénierie des génomes. « Architecture des racines pour le coton, augmentation de la taille des grains de riz, conservation des pommes de terre, résistance des orangers aux bactéries… », des expérimentations qui « ont lieu surtout en Chine et aux États-Unis ».

Pour promouvoir les NBT, la Fondation Bill et Melinda Gates a versé 1,3 millions d’euros à Re-Imagine Europa, un groupe de réflexion européen. L’ambition : « travailler sur la façon dont les nouvelles technologies pourraient nous aider à réaliser cette vision d’un nouveau système agricole plus durable. »

L’OPECST doit publier un rapport sur le sujet au mois d’avril et un rapport de la Commission européenne est également prévu fin avril. En effet, « le Conseil de l’Union européenne (UE) a demandé à la Commission une étude sur les conséquences de la décision de la Cour de justice de l’UE de 2018 ».

 

Sources : Ouest France, Xavier Bonnardel (19/03/2021) ; Le Figaro, Anne-Laure Frémont (30/03/2021) ; Reporterre, Marie Astier et Magali Reinert (29/03/2021) – Photo : Pixabay

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