Neuralink, une société fondée par Elon Musk, a reçu l’approbation de la plus haute instance médicale du Canada pour effectuer des essais sur l’homme. L’entreprise a dévoilé cette information la semaine dernière (cf. Neuralink : encore des annonces, toujours pas de publications scientifiques).
Le premier essai clinique de Neuralink au Canada visera à « tester la fonctionnalité » de son implant cérébral, destiné à aider les patients paraplégiques à utiliser des appareils numériques avec leur pensée. La procédure d’implantation sera réalisée par des chirurgiens de l’hôpital University Health Network de Toronto.
Cet essai constituera la troisième implantation du dispositif d’interface cerveau-ordinateur dans un être humain, après deux implantations réalisées aux Etats-Unis (cf. Neuralink : malgré les dysfonctionnements, la FDA autorise l’implantation d’un deuxième patient).
Un concurrent européen plus avancé ?
Depuis sa création Neuralink a levé un total de 643 millions de dollars. Pourtant « en dépit de sa médiatisation et des moyens dont [elle] dispose » la société est « encore loin » des avancées de Clinatec [1], un laboratoire français doté de 30 millions d’euros.
Dès 2019, les chercheurs du centre grenoblois sont parvenus à « faire remarcher » un patient tétraplégique au moyen d’un exosquelette piloté par la pensée (cf. Un patient tétraplégique parvient à remarcher grâce à un exosquelette connecté à son cerveau). En mai 2023, c’est une personne paralysée depuis plus de 10 ans qui a pu remarcher, « sans même avoir recours à un exosquelette » (cf. Un paraplégique parvient à remarcher grâce à une interface cerveau-machine). En septembre de la même année, un deuxième individu a été implanté, ce qui lui a permis de restaurer la fonction de ses membres supérieurs paralysés (cf. Interface cerveau-machine : le haut du corps maintenant).
Au mois d’octobre, l’entreprise néerlandaise ONWARD® Medical a obtenu les droits exclusifs pour intégrer dans son système ARC-BCI™[2] l’interface cerveau machine développée par Clinatec et baptisée WIMAGINE®. ONWARD Medical entend devenir ainsi « le premier sur le marché avec un système activé par BCI[3] pour restaurer les mouvements guidés par la pensée après une paralysie ». Le WIMAGINE BCI dispose « jusqu’à 7 ans de données sur la sécurité clinique sur des patients humains », et la thérapie ONWARD ARC-IM a été mise en œuvre chez « plus de 30 participants » dans le cadre de différents essais cliniques.
En septembre dernier, un troisième individu a été implanté avec un système ARC-BCI « pour restaurer le mouvement guidé par la pensée de ses jambes après une lésion de la moelle épinière ». De nouvelles implantations sont prévues « dans les mois à venir ».
[1] Clinatec est « une infrastructure de recherche biomédicale innovante hébergée à Grenoble par le CEA, qui réunit les compétences du Fonds Clinatec, du CEA, du CHU Grenoble Alpes et de l’Université Grenoble Alpes ».
[2] La thérapie expérimentale ARC-IM® d’ONWARD Medical est une « stimulation ciblée de la moelle épinière implantée »
[3] Brain Computer Interface (Interface cerveau ordinateur)
Sources : The Washington Times, Vaughn Cockayne ; Capital, Stéphane Barge (23/11/2024) ; CEA, CP (15/10/2024) – Photo : iStock