Né d’un don de sperme, il retrouve son géniteur par généalogie génétique

Publié le 15 Jan, 2018

Né d’une insémination artificielle avec donneur anonyme, Arthur Kermalvezen a annoncé lundi avoir retrouvé « son donneur » en utilisant un test génétique effectué à l’étranger et une enquête généalogique. Une démarche interdite par la loi française[1] et « un pavé dans la marre, deux jours avant l’ouverture des états généraux de la bioéthique ».

 

Après avoir tenté sans succès les recours médiatiques, politiques et judiciaires pour retrouver son donneur, le jeune homme âgé de 34 ans a décidé au mois de septembre d’effectuer un test ADN de la société 23andMe. « Un simple prélèvement salivaire commandé sur Internet pour 99 dollars » lui apprend son origine commune avec « un jeune homme franco-britannique nommé Larry », qu’il retrouve sur les réseaux sociaux. Le site spécialisé Ancestry donne alors accès à Arthur Kermalvezen à l’arbre généalogique de la partie française de la famille de Larry, dont il extrait « un seul profil pouvant correspondre à celui d’un homme assez âgé pour avoir été son donneur ». A ce stade, « j’étais à 80% sûr de mon coup, raconte Arthur. J’ai écrit à une lettre à cet homme en lui racontant mon histoire. J’ai préféré demander à des voisins de lui donner car je ne savais pas si son entourage était au courant : ‘je me présente, je m’appelle Arthur. J’ai 34 ans. Depuis toujours, je me demande à qui je dois d’être né’ ». Puis, le 25 décembre, il reçoit un appel de cet homme : « Bravo de m’avoir retrouvé ». Arthur apprend alors l’histoire de son donneur, ses origines. Il est aussi mis au courant qu’il est potentiellement porteur d’une anomalie génétique grave.

 

L’enquête d’Arthur Kermalvezen illustre que « l’accès aux origines est un fait aujourd’hui », qui ne garantit plus l’anonymat des donneurs de gamètes, pourtant « gravé dans la loi française ». La généalogie génétique permet de retrouver un donneur, sans que celui-ci ou un membre de sa famille proche ait réalisé un test ADN : « Il suffit qu’au moins l’un des descendants de ses arrières-arrières-arrières grands-parents soit sur l’une de ces bases de données ». L’association PMAnonyme, dont Arthur Kermalvezen a été le porte-parole, « ne plaide cependant pas pour un recours massif aux tests génétiques pour que les enfants nés d’un don retrouvent leur donneur ». Elle souhaite « humaniser » la technique en permettant « un accès à leurs origines aux enfants qui le demandent, à leur majorité ou avec l’accord de leur parents s’ils sont mineurs ».

 

Parallèlement à la démarche d’Arthur Kermalvezen, sa femme, Audrey et huit jeunes adultes ont effectué des tests génétiques. De cette façon, quatre d’entre eux se sont trouvé des origines communes : le frère d’Audrey est issu du même donneur, ainsi qu’une de ses clientes et le frère de celle-ci. Une connaissance qui lui permet « de se sentir plus ancré dans la réalité » mais qui l’inquiète aussi : « Nous sommes sans doute très nombreux dans ce cas », avec les risques de consanguinité que cela comporte.

 

Pour aller plus loin: 

 

 

[1] « Le fait de solliciter l’examen de ses caractéristiques génétiques en dehors des conditions prévues par la loi est puni de 3750€ d’amende, selon l’article 226-28-1 du Code pénal ».

Le Figaro, Agnès Leclair (15/01/2018)

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