« Monsieur le Premier ministre, faisons du soin une priorité collective »

1 Oct, 2024

Un collectif d’organisations soignantes, baptisé Soins de vie, a adressé une lettre au Premier ministre, Michel Barnier, à la veille de son discours de politique générale.

Elles l’appellent à la « vigilance », dans un contexte de « contrainte budgétaire » qui demandera des « sacrifices » à tous, y compris au monde soignant. « Avant tout, nos concitoyens veulent mieux vivre et demandent à accéder aux meilleurs soins possibles, quels que soient leurs lieux de vie », rappelle le collectif. Un objectif qui « est aussi celui porté par le monde soignant ».

Le retour d’un texte sur la fin de vie serait « incompréhensible »

Dans ce contexte, « il nous semblerait extrêmement inapproprié de nous demander d’aider à mourir nos concitoyens », déclarent les organisations, ajoutant qu’« il serait également incompréhensible que le sujet de la fin de vie soit discuté par le Parlement avant même tout autre projet visant à mieux répondre aux besoins de santé des Français ».

« Professionnels au contact quotidien des dizaines de milliers de Français en fin de vie, associations de patients : nous redisons avec force que donner la mort n’est pas un soin », soulignent une fois de plus les organisations.

Porter un message pour la collectivité qui soit « source d’espoir »

Au lendemain des jeux paralympiques qui « ont montré la force et le partage que la vulnérabilité pouvait apporter à notre société », « notre responsabilité est désormais de dire aux Français que nous allons bâtir une société qui valorise chaque personne, quelle que soit sa condition physique ou mentale, et où qu’elle se trouve : à l’hôpital, au domicile, ou encore en établissement médico-social », plaident les organisations soignantes.

« La loi porte un message pour la collectivité », rappelle-t-elles. « Ce message doit être source d’espoir, y compris dans les situations les plus difficiles », enjoint le collectif.

« Professionnels engagés, membres d’organisations professionnelles, nous portons des propositions rapidement opérationnelles et peu coûteuses pour améliorer rapidement la prise en charge des Français, et notamment de ceux qui sont en situation palliative et en fin de vie », indiquent les organisations soignantes au chef du Gouvernement, l’interpellant : « Monsieur le Premier ministre, faisons du soin une priorité collective ».

Devant une Assemblée divisée, le Premier ministre sera-t-il tenté de pousser un texte prétendument rassembleur ? (cf. Fin de vie : « il serait inimaginable de reprendre un texte qui, sur bien des aspects, aurait été le plus laxiste au monde ») Face aux pressions politiques (cf. Fin de vie : la proposition de loi d’Olivier Falorni enregistrée à l’Assemblée nationale), les voix des soignants seront-elles entendues par le nouvel Exécutif ?

Complément du 03/10/2024 : Dans son discours de politique générale devant les parlementaires, Michel Barnier a déclaré connaître « l’engagement et le travail de beaucoup d’entre vous » sur le sujet de la fin de vie, le qualifiant de « dossier grave ». « Nous reprendrons le dialogue avec vous, avec le Sénat, les soignants et les associations, en début d’année prochaine », a-t-il promis. « Et, sans attendre, nos efforts en faveur du développement des soins palliatifs seront renforcés dès 2025 », a assuré le Premier ministre (cf. Soins palliatifs : l’unité de Houdan ferme « temporairement » faute de médecin).

Reprendre le « dialogue » ?

Des perspectives quelque peu floues qui ont été précisées par Matignon : « Dans les prochaines semaines, et dans l’esprit transpartisan que le Premier ministre appelle de ses vœux, des discussions vont avoir lieu avec les parlementaires, les soignants, les familles et les associations pour déterminer le calendrier et la base sur laquelle sera relancée la discussion à partir de janvier 2025 ».

Sans surprise, ces déclarations n’ont pas suffi aux militants de l’euthanasie. La Présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est dite « déçue ». Elle a indiqué être « prête à inscrire » le texte dont elle est la deuxième signataire à l’agenda la semaine du 2 décembre, « si nous n’avons aucune perspective d’ordre du jour » (Sources : Le Figaro avec AFP (02/10/2024) ; La Croix, Antoine d’Abbundo (02/10/2024))

DERNIERES ACTUALITES
Partager cet article
[supsystic-social-sharing id='1']

Toute l’actualité bioéthique
chez vous, gratuitement

Cochez vos choix :

En validant ce formulaire, j’accepte de recevoir les informations du site Gènéthique par email et accepte la politique de confidentialité