Mobilisation des religions pour la révision de la loi de bioéthique

Publié le 23 Jan, 2018

« Toutes les religions veulent faire entendre leurs voix dans les débats » à l’occasion des états généraux de la bioéthique lancés jeudi dernier (cf. Révision de la loi de bioéthique : Emmanuel Macronimplique les autorités religieuses; Lancement des Etats généraux de la bioéthique : des thèmes nombreux pour aborder “le monde que nous voulons pour demain”).

 

La conférence des évêques de France, après avoir formé une commission de travail composée de six évêques et deux prêtres (cf. La Conférence des évêques de France prépare la révision de la loi de bioéthique), a organisé une journée de formation le 20 janvier dernier à Paris. Environ 50 diocèses étaient représentés par une ou deux personnes mandatées, qui ont reçu l’éclairage d’experts[1]. Ils ont désormais « pour mission de solliciter des rencontres dans leur diocèse, ou de participer à celles qui s’y tiennent ». De son côté la commission « devrait rencontrer dans les prochaines semaines des hommes politiques, des scientifiques ou encore des juristes ». La prochaine assemblée des évêques à Lourdes, qui se tiendra fin mars, représentera une autre occasion de discussions sur ces sujets, avant la publication d’un texte qui exprimera la position de l’Eglise sur ces sujets, « au troisième trimestre 2018 ».

 

« Notre souhait est surtout de repartir des fondamentaux : qu’est-ce que l’homme dans sa globalité ? Et que voulons-nous pour lui demain ? Nous ne voulons pas traiter les sujets les uns après les autres –procréation, euthanasie, intelligence artificielle…- mais ensemble, car tous touchent à la question de l’homme » a déclaré Monseigneur Hervé Gosselin, évêque d’Angoulême, ancien médecin et membre de la commission. Il aspire à une réflexion éthique mais aussi philosophique. « Je me réjouis de voir que de plus en plus de nos contemporains se demandent quelle planète nous souhaitons laisser à nos enfants. Mais nous devons aussi nous interroger sur les enfants que nous voulons laisser à la planète ! réagit-il. On ne peut pas traiter l’homme sans son environnement et réciproquement, et donc traiter les questions de bioéthique en faisant l’économie d’une réflexion sur l’écologie ».

 

De leurs côté, les évangéliques, « particulièrement engagés sur les questions sociétales », ont rencontré les parlementaires : « Beaucoup reconnaissent ne pas encore avoir eu le temps d’approfondir les sujets bioéthiques » rapportent Thierry Le Gall, directeur du Conseil national des évangéliques de France, « mais ils sont aussi conscients du défi que représente leur mission de légiférer sur ces enjeux fondamentaux ». Par ailleurs des formations seront proposées en région, s’appuyant notamment sur des « fiches repères » élaborées pour que « les états généraux de la bioéthique ne tournent pas au débat d’initiés ». Enfin, la commission éthique de la Fédération protestante de France devrait publier un texte dès le mois de mars, qui prendra la forme « d’interpellations ».

 

Le Conseil français du culte musulman a également prévu de publier un texte, sur lequel travaillent deux commissions, « l’une sur la bioéthique, l’autre sur la fin de vie ». Le grand rabbin de France constitue pour sa part une équipe de médecins et de juristes « pour l’aider à poursuivre sa réflexion sur les sujets débattus ». La fin de vie représente pour lui « la question fondamentale pour refuser une société utilitariste » : « certains tentent le holdup avec une forme de conjonction de coordination entre mort et dignité. Notre travail à tous, dans la société, sera de mettre cette conjonction entre vie et dignité ». Les bouddhistes de France, qui n’ont « pas de position définitive » sur les questions bioéthique, s’opposeront toutefois à l’euthanasie.

 

[1] Anne-Marie Pelletier, théologienne, Marie Balmary, psychiatre, Bruno Saintôt, jésuite et Aude Mirkovic, juriste

La Croix, Gauthier Vaillant – Anne-Bénédicte Hoffner (23/01/2018); AFP (24/01/2018)

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