Mère porteuse ou ”gestation pour autrui” ?

Publié le 9 Sep, 2008

Dans sa section Sciences et Ethique, La Croix donne la parole à Danielle Moyse, docteur en philosophie et chercheur associé au Centre d’Etudes des mouvements sociaux (CNRS-EHESS), pour une chronique sur les mères porteuses.

Elle s’interroge sur l’incontestable changement qui s’opère dans les mentalités, notamment par la sémantique et qui pourrait préfigurer une légitimation juridique. On ne parle plus de "mères porteuses", terme à connotation critique, indiquant la femme "gestante", réduite au rôle de matrice, mais de "gestation pour autrui", présentée comme étant le comble de la générosité.

Mais de quelle générosité parle-t-on ?, s’interroge la philosophe. "Quel est en effet cet altruisme qui consiste à donner (ou à vendre) un être que, théoriquement, on ne possède pas ?" Et de soulever l’incohérence anthropologique : "à l’heure où des associations protectrices des animaux s’offusquent, non sans raison, que le droit assimile purement et simplement l’animal à une chose (…), allons-nous ainsi accepter une pratique qui revient à faire de l’enfant un produit élaboré pour la satisfaction de ses futurs propriétaires ?".

La perception de la générosité est faussée puisqu’elle convertit l’enfant en simple bien et la gestatrice en simple corps. Celle-ci "ne fait alors que prêter ou louer son propre corps, mettant alors un terme au principe de l’indisponibilité du corps humain". Danielle Moyse relève là aussi une contradiction puisqu’il reste paradoxalement possible pour la mère porteuse de garder l’enfant, alors qu’on affirme par ailleurs qu’il ne lui appartient pas et qu’elle doit le remettre à ses commanditaires.

Enfin, l’apaisement de la souffrance des couples stériles est considéré comme prioritaire, en contradiction avec "le principe, martelé par les commissions d’adoption, suivant lequel il s’agit de "donner une famille à un enfant et non le contraire"". En effet, dans les cas de gestation pour autrui, il s’agirait plutôt de "donner un enfant à une famille".

Si la France devait autoriser la gestation pour autrui, alors "à quelle modification du statut de l’enfant, et par conséquent des êtres humains en général, serions-nous en train d’assister, pour qu’ils puissent être ainsi "négociés" ?".

La Croix (Danielle Moyse) 09/09/08

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