Mgr Michel Schooyans, spécialiste de philosophie politique et de démographie et membre de l’Académie pontificale pour la vie, de l’Académie pontificale des sciences sociales et professeur émérite à l’université de Louvain (Belgique), a accordé une interview à Zenit sur l’évolution des droits de l’homme.
Il rappelle que la Déclaration universelle des droits de l’homme proclamée en 1948 par l’ONU reconnaît que "tout individu a droit à la vie" et que "le texte invite tous les hommes, pays, gouvernants, à reconnaître la dignité de chaque personne humaine, sans considération de sa puissance, la couleur de sa peau, sa religion, son âge".
Mgr Schooyans explique que le document énonce les droits fondamentaux mais que pour que ces droits soient mis en application, ils ont besoin d’une traduction par des textes de loi. Il y a donc deux choses : "d’abord la reconnaissance de la réalité d’êtres humains qui ont la même dignité et les mêmes droits fondamentaux et, de l’autre, des instruments juridiques qui confèrent une forme concrète, exigible, à ces droits reconnus comme fondamentaux".
Or, il souligne qu’aujourd’hui la Déclaration de 1948 est contestée. Cette contestation vient de la théorie positive du droit élaboré par un auteur du nom de Kelsen (1881 – 1973). Selon cette théorie, seules les décisions juridiques méritent études et respect. "A présent, ces ordres juridiques, ces dispositions établies dans les codes peuvent changer au gré des intérêts de celui qui a les pouvoir de les définir."
Pour Mgr Schooyans, ce positivisme juridique "ouvre la voie à toutes les formes de dictature", comme ce fut le cas sous Staline. "Aujourd’hui, la loi qui autorise l’avortement, qui autorise l’euthanasie, n’est pas autre chose. C’est une loi qui permet le triomphe du plus fort, qui déclare : puisque telle est ma volonté, nous décidons qui a le droit à l’existence et qui ne l’a pas".
Il s’inquiète du fait que cette nouvelle mentalité se soit infiltrée dans des agences de l’ONU, qui "se comporte aujourd’hui comme une super puissance mondiale, transnationale, dans la droite ligne de Kelsen". "Cette dernière déclare que les lois nationales […] doivent être soumises à l’approbation, la validation, d’un centre de pouvoir pyramidal." Pour lui "bon nombre de parlements en sont réduits à n’être que des théâtres de marionnettes qui appliquent les décisions venant de l’extérieur, exécutant la volonté de celui qui impose ses décisions, en achetant s’il le faut leurs votes, en recourant à la corruption".
Et de conclure : "nous sommes en train d’assister à l’émergence d’un droit international tyrannique parce que purement positiviste, ignorant les droits humains inaliénables proclamés en 1948. Et cela n’est pas perçu…"
Zenit 18/01/09