Médecin et patients : quelle aide à la décision ?

Publié le 18 Nov, 2003

Le 21 novembre prochain, le Centre éthique clinique de Cochin fête ses 1 ans. Ce centre, créé au sein de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), intervient à la demande du corps médical ou des patients sur les situations “éthiquement” délicates qu’il faut traiter en temps réel. Entre le 15 septembre 2002 et le 15 septembre 2003, le Comité a été saisi 50 fois.

10 demandes proviennent de l’équipe de chirurgie digestive de Cochin souvent confrontée à la question du don d’organe de son vivant. Par exemple, dans le cas d’un père ou d’une mère qui veut donner une partie de son foie à son enfant malade, le Centre vérifie que le consentement des donneurs est bien “libre” de toute contrainte extérieure.

Des 40 autres demandes, 2/3 viennent du corps médical et 1/3 des patients. Une dizaine de demandes concerne la fin de vie.  Les autres portent sur des sujets plus divers comme l’assistance médicale à la procréation, les stratégies thérapeutiques ou l’accès aux tests génétiques.

Aux Etats-Unis, les hôpitaux font appel depuis une trentaine d’années à des “éthiciens”, une profession qui est née au moment des civil right (droits des malades). Depuis 1992, une loi fédérale oblige la création de comités d’éthique dans tous les hôpitaux.

 

Jusqu’à maintenant, ils étaient surtout interrogés sur des questions de fin de vie. Aujourd’hui, de plus en plus fréquemment, ils sont confrontés aux problèmes posés par les diagnostics génétiques prénataux. Comme le cas de ce couple de sourds qui demande l’usage de ces diagnostics pour s’assurer que leur enfant est sourd car dans le cas contraire il déciderait d’avorter.

 

A la question “le médecin a-t-il besoin d’une aide à la décision”, deux médecins répondent :

– Le Dr Dominique Chauveau, néphrologue à l’hôpital Necker, montre que le médecin, en particulier dans sa spécialité, doit faire face à de nombreux choix. Par exemple, “veut-on privilégier des techniques coûteuses destinées à un petit nombre de patients jeunes ? ou des techniques moins coûteuses pour un plus grand nombre de personnes âgées ?”. Face à de tels cas, le Dr Chauveau estime que “les équipes médicales ont tout intérêt à s’ouvrir à d’autres connaisseurs de l’homme“.

Le Pr André Lienhart, chef de service d’anesthésie de l’hôpital Saint Antoine, s’inquiète de la place que pourrait prendre ces “éthiciens de garde” dans un cadre où le recours à l’assistance extérieure deviendrait systématique au détriment de la réflexion que doit mener chacun (médecins et patients) sur ces questions. “Si le médecin a besoin de ne pas être seul dans sa réflexion, il y a un moment où il doit assumer sa responsabilité“. Il favoriserait plutôt des lieux de discussion sur des problèmes que chacun est amené à rencontrer comme le fait l’espace éthique de l’AP-HP afin d’homogénéiser les pratiques tout en élaborant une réflexion qui bénéficie à tous.

La Croix (Marianne Gomez) 18/11/03

Partager cet article

Synthèses de presse

Interface cerveau-machine : le haut du corps maintenant
/ Transhumanisme

Interface cerveau-machine : le haut du corps maintenant

Un Suisse paralysé teste une technologie qui « lit ses pensées à l'aide d’une IA » et transmet ensuite des signaux à ...
Avortement dans la Constitution : l’avis favorable de la CNCDH
/ IVG-IMG

Avortement dans la Constitution : l’avis favorable de la CNCDH

La Commission nationale consultative des droits de l’homme a adopté un avis en faveur de l’inscription de l’avortement dans la ...
« Aide active à mourir » et soins palliatifs doivent être dissociés exhortent des députés
/ Fin de vie

« Aide active à mourir » et soins palliatifs doivent être dissociés exhortent des députés

Face au projet de loi annoncé, des députés exhortent à ne pas mettre soins palliatifs et « aide active à mourir » ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres