L’opinion française réticente à une loi sur l’euthanasie

Publié le 17 Jan, 2011

Un sondage Opinion Way, réalisé début janvier 2011 auprès de 1015 personnes, montre que les français sont réticents vis-à-vis d’une loi sur l’euthanasie.

Ainsi, 60% des personnes interrogées "préfèrent le développement des soins palliatifs à la légalisation de l’euthanasie". 52% estiment même qu’une loi sur l’euthanasie comporterait des "risques de dérives" : 57% d’entre eux s’inquiètent de la possibilité que "des malades non consentants soient euthanasiés", 63% que la société puisse décider légalement de la mort d’une personne, et 56% que des malades vulnérables puissent subir des pressions pour accepter une euthanasie.

Ces chiffres contrastent fortement les résultats des précédents sondages, comme celui réalisé en novembre 2010 pour l’IFOP qui affirmait que 94% des Français seraient favorables à l’euthanasie (Cf. Synthèse de presse du 02/11/10). Dans cette étude, le thème des soins palliatifs n’était pas abordé. Le sondage d’Opinion Way, réalisé à la demande de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), la Société française d’anesthésie réanimation (SFAR), le Centre de recherche et de formation sur l’accompagnement de la fin de vie (CREFAV) et le Collectif Plus digne la vie, est le premier qui fasse choisir entre deux façons "d’aider à mourir" : les soins palliatifs qui favorisent la lutte contre la douleur et l’accompagnement psychologique des personnes jusqu’à leur mort sans la provoquer, et l’euthanasie qui consiste à administrer une substance mortelle pour abréger la vie.

Pour Anne Richard, présidente de la SFAP, les résultats de ce dernier sondage "reflètent la réalité vécue sur le terrain. L’expérience montre que, la plupart du temps, les demandes d’euthanasie ne s’expriment plus lorsque les patients bénéficient de soins palliatifs avec une prise en charge adaptée". De son côté, Sylvain Pourchet, responsable de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital Paul Brousse, à Villejuif, estime que l’enquête Opinion Way aborde enfin "le sujet avec subtilité : ces résultats nous montrent que la réalité est plus nuancée qu’on veut nous le faire croire et que les Français ont une vraie réflexion sur un sujet complexe."

Cette enquête révèle également que 68% des sondés ignorent qu’il existe en France une loi interdisant l’acharnement thérapeutique. Or, précise Sylvain Pourchet, "c’est précisément l’acharnement thérapeutique qui conduit à la plupart des demandes d’euthanasie." Il conclut : "Le sondage nous enseigne donc deux choses : qu’il faut absolument faire connaître la loi Leonetti de 2005, mais aussi mieux comprendre pourquoi certains patients demandent à mourir. Or, on s’apprête à légiférer dans la précipitation, sans ces données."

Le Quotidien du médecin (Stéphanie Hasendahl) 17/01/11 – La Vie (Claire Legros) 16/01/11 – La Croix (Marine Lamoureux) 17/01/11

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