Loi de bioéthique : « L’embryon humain est la variable d’ajustement du jeu politique »

Publié le 28 Juin, 2018

« Il existe un lien direct entre la pratique de la PMA et la recherche sur l’embryon humain puisque la pratique de la PMA en France a créé un stock d’embryons ‘disponibles’ », explique Jean-Marie Le Méné, Président de la Fondation Lejeune, « les embryons surnuméraires. Dans le cadre d’une FIV, les techniciens produisent de 4 à 10 embryons pour n’en transférer qu’un ou deux. Les autres sont congelés en attente d’un éventuel projet parental, d’être donnés à la recherche ou bien d’être détruits. Cela représente un ‘stock’ conséquent de plus de 220 000 embryons. Ils sont suspendus dans le temps, entre une hypothétique adoption, un possible ‘recyclage’ et une destruction pure et simple ». Jean-Marie Le Méné dénonce l’industrie procréative et les laboratoires pharmaceutiques qui « les instrumentalisent dans le cadre de nombreux projets ».

 

Ces projets, Pierre Jouannet, membre du comité d’éthique de l’INSERM, les déclinent en :

  • Recherche fondamentale, « destinée à comprendre le développement précoce de l’embryon et ses perturbations éventuelles »,
  • La recherche préclinique qui elle, consiste « à développer de nouvelles méthodologies et procédures pour une éventuelle utilisation ultérieure à visée thérapeutique ». Et le chercheur précise que depuis 2015 la loi française permet « que des embryons ayant fait l’objet d’une recherche à l’occasion d’une PMA soient transférés dans l’utérus, quand les conditions sont réunies ».
  • Le prélèvement de cellules souches embryonnaires « dans le but de mener des recherches fondamentales, précliniques ou cliniques, par exemple pour mettre au point de nouvelles méthodes de thérapie cellulaire. Mais dans ce cas, la finalité de la recherche n’est plus l’embryon lui-même ».

                                

Ces embryons sont bien issus de fécondation in vitro : soit qu’ils présentent des anomalies précoces, soit ils aient été écartés suite à un diagnostic préimplantatoire, parce qu’ils sont porteurs d’une anomalie génétique. Il peut aussi s’agir d’embryons surnuméraires qui ne font plus l’objet d’un projet parental et qui sont voués à la destruction. Pour le chercheur, ils deviennent dès lors des « sujet/objet de recherche ». En 2014, « 21 539 embryons ont ainsi été donnés à la recherche ».

 

Le scientifique rappelle qu’il est aujourd’hui « inenvisageable de modifier le génome d’un embryon qui serait destiné à faire naître un enfant » selon l’avis du comité d’éthique de l’Inserm, mais aussi à la faveur de la protection accordée par la convention d’Oviedo, un traité ratifié par la France ; il le déplore. Il considère l’édition génomique pourrait offrir une solution aux couples concernés : « Il s’agirait alors de corriger la mutation redoutée chez l’embryon ou, encore mieux, au niveau des cellules germinales avant la fécondation, comme on envisage de le faire chez des enfants et des adultes avec la thérapie génique ». Pierre Jouannet souhaite de même l’allongement de la durée de conservation des embryons au-delà des 7 jours règlementaires, et l’autorisation de création d’embryon pour la recherche.

 

Une fois encore, regrette Jean-Marie Le Méné, « l’embryon humain est la variable d’ajustement du jeu politique ». Comme en 2011, il est la victime désignée des pratiques eugéniques qui seront insérées dans la prochaine loi de bioéthique, « dans l’indifférence la plus complète ».

France Catholique (29/06/2018) ; INSERM (27/06/2018)

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