L’Italie face à la cohérence de ses choix en matière de respect de l’embryon

Publié le 3 Sep, 2015

L’arrêt Parillo contre Italie rendue le 27 aout 2015 par la CEDH (Cf. Gènéthique du 27 août 2015) qui valide, entre autres, l’interdiction par l’Italie de détruire des embryons humains sur son sol suscite des réactions. En effet, le gouvernement italien interdit ces destructions, mais il autorise l’utilisation de cellules souches provenant d’embryons détruits à l’étranger. Un paradoxe pour ce pays dont le droit reconnait à l’embryon le statut de sujet à part entière dans le but de « protéger la potentialité de vie dont l’embryon est porteur ».

 

D’après Aude Mirkovic, maitre de conférences en droit privé et responsable de la filière Droit de la santé et des biotechnologies à l’université d’Evry Val d’Essonne, ce paradoxe provient du fait « qu’aucun Etat ne dispose d’une législation cohérente ». Plus encore, c’est la « pression des lobbies scientifiques » qui a « atténué la volonté politique du parlement italien ». La logique de compromis admise par l’Etat italien serait le résultat d’un manque de courage politique, mais aussi un moyen pour lui d’externaliser « la violation de ses principes ce qui lui permet d’éviter la présence d’un grand nombre d’embryons surnuméraires comme en France, où on ne sait plus vraiment quoi en faire », analyse Grégor Puppinck (cf. Génèthique interview du 1er septembre 2015), directeur général du ECLJ.

 

La destruction d’embryons à l’étranger n’est pas sans conséquences : les nombreuses banques de cellules, qui agissent comme intermédiaires, ne permettent pas d’établir de lien direct entre le pourvoyeur d’embryon et le chercheur, et de nombreux chercheurs ignorent donc souvent qu’ils utilisent des cellules d’origine humaine pour leur travail.

 

Enfin, ce paradoxe autour de la dignité des embryons humains en Italie appelle inévitablement le débat sur la manière dont le droit perçoit l’embryon humain. Pour Grégor Puppinck, « il y a un progrès car les juges reconnaissent une protection de la vie humaine à son stade initial. L’embryon conçu in vitro n’est pas une chose et mérite le respect. Mais ils ne disent pas que c’est une personne. C’est donc un progrès incomplet qui conduit à un raisonnement incohérent ».  

 

La Vie (03/09/2015)

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