Le magazine Valeurs Actuelles consacre un dossier aux femmes célibataires qui recourent à l’insémination artificielle avec donneur (IAD) pour devenir mères. Elles sont en effet de plus en plus nombreuses à se rendre en Belgique ou en Espagne pour avoir recours à cette pratique. Rappelons qu’en France, "l’assistance médicale à la procréation est destinée à répondre à la demande parentale d’un couple".
Le docteur Bernard Lejeune, chef de service du centre de procréation assistée de l’hôpital Edith Cavelle à Bruxelles, estime que le nombre de ces patientes a triplé en trois ans. Ces patientes françaises ont autour de 35 ans, ont fait de bonnes études, ont une belle carrière et ont atteint une stabilité financière. Sensibles au problème de l’horloge biologique, elles décident de dissocier vie familiale et vie amoureuse. Par ailleurs, le sida a rendu les aventures sans lendemain dangereuses ets avec les progrès des recherches en paternité, les hommes sont prudents car ils craignent d’avoir à payer une pension alimentaire quelques années plus tard…
Ce phénomène suscite de plus en plus de questions, notamment pour l’enfant. Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste et spécialiste de la procréation assistée, explique que ces enfants se poseront inexorablement la question "d’où je viens?". "Ces interrogations sont parfois très violentes et les enfants deviennent alors des adultes qui vont mal." Pour le pédopsychiatre Stéphane Clerget, "ces femmes veulent avoir la maîtrise totale de l’existence, cela s’apparente à de l’égocentrisme et à du narcissisme : un amour de soi tel qu’on ne donne pas de place au père".
L‘autre question qui se pose est celle de la filiation. Aujourd’hui, ces enfants sont nombreux à rechercher leur père, comme c’est le cas d’Arthur Kermalvezen, 24 ans, auteur de "Né de spermatozoïde inconnu" (cf. Synthèse de presse du 05/03/08). "Je savais que j’étais le résultat d’une programmation savamment orchestrée, d’une expérience scientifique qui s’est peu souciée des conséquences sur nous les enfants. Nous avons été des cobayes...". Pour Stéphane Clerget, "on crée artificiellement des enfants nés sous X : c’est terrible".
"Faire un enfant par insémination artificielle en tant que célibataire est une décision risquée. En grandissant, l’enfant sera peut être indigné par la façon dont il a été conçu par sa mère et se montrer rejetant. Il faut penser à toutes ces conséquences, on ne peut pas faire l’économie de ces questions", conclut Geneviève Delaisi de Parseval.
Valeurs actuelles (Pauline Liétar) 18/09/08