D’après une étude menée par l’institut de criminologie de Hanovre, 3 enfants meurent chaque semaine en Allemagne d’infanticide. Ce taux est particulièrement élevé dans l’Allemagne de l’Est.
"On peut penser que l’infanticide est considéré par une partie des Allemandes de l’Est comme un élément du planning familial" explique le ministre-président du Land est-allemand de Saxe-Anhalt. Il rend la législation, très libérale sur l’avortement du temps de la RDA, responsable d’une "conception moins responsable de la vie pendant la période de gestation". A l’époque, certaines femmes avortaient "pour profiter de la possibilité soudaine qui leur était offerte de partir en vacances en Bulgarie", explique-t-il.
Pour Andreas Mameros, professeur en psychiatrie et psychothérapie, c’est la quasi disparition des valeurs dites "religieuses" de la dictature communiste qui aurait laissé de profondes traces. Du temps de la RDA, les infanticides étaient déjà plus nombreux à l’Est mais avec la chute du mur de Berlin, ""les meilleurs", ceux qui sont capables d’initiatives, de réactivité face aux difficultés sont partis" laissant à l’Est "une concentration élevée de laissés-pour-compte et de mères seules ou fragiles", explique Georg Ehrmann, président de l’association qui vient en aide aux enfants.
Dans les années 90, le ministre conservateur du Land de Brandebourg, Jörg Schönbohm estimait qu’il faudrait 15 ans pour que les différences entre l’Est et l’Ouest s’estompent mais il reconnaît aujourd’hui que "cela prendra beaucoup plus de temps".
Libération (Nathalie Versieux) 23/04/08