« L’incertain que véhicule le coronavirus est anxiogène »

Publié le 27 Avr, 2020

Pour Jérémie Cornet-Vuckovic, spécialiste des nouvelles technologies et employé chez IBM, « notre société est mue par une volonté de rentabilité dont les deux pans sont l’aversion au risque et la foi immodérée dans l’expert ».

 

Alors que notre espèce a su vaincre les épidémies « avec des armes bien moins savantes que celles que nous possédons aujourd’hui », « l’humain au XXIe siècle a besoin de savoir pour guérir ». Aussi, « l’incertain que véhicule le coronavirus est anxiogène ».

 

« Ce qui semble marquant dans notre époque, explique Jérémie Cornet-Vuckovic, c’est « notre besoin d’encadrement total du risque », corollaire de la « peur de perdre un confort acquis par l’histoire et le progrès. Une peur entretenue par un système médiatique d’information en continu et voué à vivre de la rentabilité du choc ». Par ailleurs, « la figure de l’expert est celle du contrôle et de la foi aveugle en une autorité œuvrant pour notre bien dans une société du contrôle rentable et rationnelle qui s’installe durablement et volontairement. Le contrôle est la traduction de l’efficacité productiviste ». Il précise : « La volonté de contrôle de son destin, de ne laisser de hasard au temps, de contrôler sa pratique sportive, son alimentation ses heures de sommeil, sa séduction, sa garde-robe, ses pensées est le lot commun de cette société de la rentabilité. Le coach est le roi du XXIe siècle. Ce que l’homme ne peut contrôler, il le remet entre les mains d’experts et de la toute puissante science, censés lever les derniers voiles obstruant encore son rapport à la performance ».

 

Mais aujourd’hui, « la machine s’enraye sans explications convaincantes » et « l’inconnu frappe une population hésitante entre un survivalisme qui vide les supermarchés de papier toilette et un mimétisme se réclamant de l’ordre ». Il faut constater que « quand la rentabilité et l’efficacité deviennent les seuls prismes de jugement la société devient faible, panurgique et dangereuse ».

La France est blessée dans sa « foi (…) en son modèle techniciste ». « En se voulant capable de repousser la mort l’homme moderne oublie de vivre. Le transhumanisme, incarnation de cette volonté de contrôle du vivant, est une des premières victimes symboliques du Covid-19 ».

 

Il est temps de reconnaître que « l’homme est faillible, la nature contingente et la technologie ne sauraient nous épargner les affres de nos destins d’êtres vulnérables ». Pour l’auteur, « ce drame de la vie est un bien, une chance tant elle remplit de richesse et de hasard chacun de nos pas ».

Marianne (24/04/2020)

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