L’idéologie du gender ou le refus de la différence sexuelle

Publié le 1 Juin, 2010

Sur Liberté Politique.com, Elizabeth Montfort, ancien député européen et présidente de l’Alliance pour un Nouveau Féminisme européen, revient sur l’annonce d’un enseignement sur la théorie du gender à Sciences-Po Paris, qui sera obligatoire pour les étudiants dès 2011 (Cf. Synthèse de presse du 26/05/10). Deux femmes économistes de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) sont à l’origine de ce projet qui, ont-elles déclaré, vise à "en finir avec l’inégalité entre les hommes et les femmes".  Un regard plus attentif permet de mieux comprendre l’intention de ce projet, au travers, notamment, de "l’évènement initiatique baptisé Queerweek (La semaine queer) de Sciences-Po; lancée du 3 au 6 mai dernier comme une avant-première des Gender studies". Bien que les initiatrices du projet s’en défendent, cet enseignement sur le gender est bien une étude centrée sur la réflexion identitaire. 

La Semaine queer de Sciences-Po Paris, "semaine du genre et des sexualités", était explicite. Selon la théorie du genre, "l’individu serait mieux caractérisé par son orientation sexuelle que par son identité sexuelle, fondé sur un donné biologique, donc de nature". Se considérer comme un homme ou une femme reviendrait, selon la théorie du gender, à refuser de se construire soi-même, selon sa propre volonté souveraine, et rester aliéné par son identité masculine ou féminine. "L’individu postmoderne ne se reconnaît plus dans la société ‘hétérosexiste’  : la différence des sexes est une dictature puisqu’elle est imposée par la nature. Pour être libre, l’individu doit pouvoir se choisir. Son droit le plus fondamental est ‘le droit d’être moi’, de se choisir en permanence alors que la nature impose d’être un homme ou une femme".

Le concept du Queer n’a pas de définition car définir suppose de "fixer une idée ou un objectif", ce que ne veulent pas les promoteurs du gender en raison du caractère subversif affirmé de cette théorie. Celle-ci est apparue aux Etats-Unis dans les années 1970 avec la parution du livre de Judith Butler, considéré comme une référence, intitulé "Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion". Pour théoriser "le féminisme et la subversion de l’identité", Judith Butler s’appuie sur "les idéologies du XIXe et XXe siècle néo-marxiste, existentialiste et structuraliste". Le Queer vient prolonger la théorie du Gender, apparue dès 1995 au Sommet de Pékin, mis en avant par des groupes de pression de féministes radicales. Si le gender cherche à "définir une politique féministe qui ne soit pas fondée sur l’identité féminine, le queer déconstruit l’identité de toute personne humaine en vue de se reconstruire à partir du seul choix individuel".

Initialement, le féminisme approuve l’idée que "l’identité sexuelle et le genre coïncident". Ce lien a été remis en cause progressivement par les féministes radicales qui ne se "sont pas satisfaites de l’égalité des sexes et de la parité". Leur revendication consiste dans l’affirmation que "cette égalité suppose une différence entre les sexes, or la différence entraîne l’inégalité et donc la domination […]. Ce qui fait dire à Judith Butler que la définition du genre est une construction sociale et culturelle au service de la domination de l’homme sur la femme". Fondée sur une dialectique entre nature et culture, cette théorie propose de s’affranchir de la nature, et de la "dictature" de la différence sexuelle. Il faut donc, pour sortir de l’oppression, "déconstruire le genre, la famille et la reproduction". "Les femmes ne seraient pas opprimées s’il n’existait pas un concept de femme".

Alors que le "sexe" manifeste qu’une différence existe entre l’homme et la femme en faisant référence à leurs caractéristiques biologiques, le terme de genre formule une "option selon laquelle on choisit précisément le ‘genre’ de son choix" : il renvoie aux rôles et aux  comportements susceptibles de varier selon les sociétés. Prétendant que l’être humain est "neutre" à sa naissance et qu’un rôle masculin ou féminin lui est imposé par le milieu culturel où il vit, les théoriciens du genre déconstruisent l’universalité de la différence sexuelle entre l’homme et la femme sur lequel repose la société. Il s’agit par là d’affirmer que "chacun s’invente son genre qui peut évoluer  au cours de la vie. […] Ce que je choisis est permis, puisque je l’ai choisi".

Outre la déconstruction de l’identité sexuelle, le genre déconstruit la famille où la femme "est maintenue en esclavage", ce qui "conditionne les enfants à accepter le mariage et la féminité comme naturels". La famille doit être désormais "choisie" et polymorphe : monoparentale, homoparentale, recomposée.

La maternité aussi doit être déconstruite pour être "choisie" : "l’enfant ne se reçoit pas, il se désire, il se programme". Les femmes doivent s’en remettre à la technique pour sortir des contraintes corporelles : les mères porteuses, l’utérus artificiel apparaissent comme des moyens de libération. "C’est le fantasme de la désincarnation, se détacher de sa part naturelle".

Le gender inspire des glissement sémantiques pour opérer sa déconstruction des identités : la parenté devient parentalité, il s’agit par là "d’opposer les trois composantes de la filiation : la filiation biologique, la filiation juridique et la filiation sociale, pour choisir celle qui convient". L’établissement de ces nouvelles filiations mène à revendiquer un "droit à l’enfant" universel, et la procréation médicalement assistée doit satisfaire le désir d’enfant. Au final, "tous les moyens sont bons pour garantir le ‘droit à l’enfant’ au mépris de l’enfant lui-même, de son identité et de sa croissance dans un cadre stable avec son père et sa mère".

La diffusion de cette théorie risque de renforcer "la culture de dissociation de notre société : dissociation entre identité et comportement, entre sexualité et procréation, entre union et filiation, entre parenté et parentalité".

Pour que cette idée d’indifférenciation généralisée s’installe dans la société, "quoi de plus tentant que ce prestigieux établissement de formation des esprits supérieurs où les élites pourront diffuser la bonne parole dans l’administration, la politique et l’entreprise ?"

Liberté Politique.com (Elizabeth Montfort) 28/05/10

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