Une étude franco-danoise parue dans les comptes rendus de l’Académie des sciences américaine (PNAS) « confirme chez l’adulte des phénomènes de perturbation endocrinienne de certains antalgiques délivrés sans ordonnance ». Ainsi, le paracétamol, l’aspirine ou l’ibuprofène, « médicaments les plus utilisés dans le monde », perturbent la production de testostérone chez l’homme et « pourraient être à l’origine de troubles de la reproduction ».
Les chercheurs, coordonnés par Bernard Jegou[1], avaient préalablement mis en évidence que « consommés par 70% des femmes enceintes de l’étude, ces antalgiques multipliaient le risque de cryptorchidie[2] par un facteur allant de 2 pour le paracétamol à près de 5 pour l’ibuprofène. Associés, les antalgiques multipliaient le risque par plus de 16 en raison d’un effet cocktail » (cf. Antalgiques et bisphénol A : risques d’infertilité ?).
Dans cette nouvelle étude, ils démontrent que chez l’adulte aussi, « l’ibuprofène agit comme perturbateur endocrinien en inhibant plusieurs gènes-clés des cellules endocrines du testicule ». « De toutes les molécules que j’ai testées, l’ibuprofène est la plus efficaces pour provoquer des déséquilibres hormonaux à la fois chez l’adulte et le fœtus », déclare Bernard Jegou. En conséquence, « une réflexion s’impose sur les conditions de délivrance et de suivi de ces produits vendus sans ordonnance », particulièrement pour les sportifs de haut niveau et les personnes souffrant de maladies rhumatismales.
[1] Inserm, Ecole des hautes études en santé publique et de l’Institut de recherche en santé, environnement et travail, à Rennes.
[2] Non descente des testicules dans les bourses pendant la vie fœtale.
Le Monde, Paul Benkimoun (8/01/2018); Le Figaro santé, Anne-Laure Lebrun (9/01/2018)