Dans le quotidien La Croix, Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à la Faculté de médecine de Paris-Sud XI s’interroge sur l’éthique en matière d’innovation thérapeutique.
Si la santé demeure la référence supérieure qui justifie l’intervention médicale, il n’en demeure pas moins que le médecin doit aussi s’investir dans une recherche scientifique aux objectifs plus généraux. Emmanuel Hirsch s’interroge : "comment parvient-il [le médecin] à préserver les équilibres que lui impose la déontologie médicale ?" Il rappelle que dans le Code de déontologie médicale*, sur les devoirs généraux des médecins, il est inscrit que : "le médecin, au service de l’individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité(…)".
"L‘innovation médicale doit-elle intervenir "dans le champ d’une pratique raisonnée ou plutôt dans celui de l’expérimentation"? Le code de Nuremberg fixe des lignes de conduite : "L’expérience doit avoir des résultats pratiques pour le bien de la société impossibles à obtenir par d’autres moyens : elle ne doit pas être pratiquée au hasard, et sans nécessité (…) On doit faire en sorte d’écarter du sujet expérimental toute éventualité, si mince soit-elle, susceptible de provoquer des blessures, l’invalidité ou la mort (…)".
Pour lui, l’innovation médicale est incluse dans la recherche médicale. Elle doit permettre non seulement d’améliorer le service rendu au malade mais aussi d’élargir les perspectives du savoir pour la santé de tous.
Emmanuel Hirsch rappelle que l’innovation médicale soumet les professionnels aux obligations de l’éthique médicale et de l’éthique de la recherche. Il reconnaît que plus les professionnels de la santé ont le sentiment que leurs actes ont des conséquences mal maîtrisées, plus la perception de leurs responsabilités s’amplifie. Il dénonce ce que "recèlent les mentalités indifférentes à l’esprit de prudence, de retenue, lui préférant l’aventurisme, la fuite en avant, toujours pour de nobles raisons que l’on ne tente même pas d’expliciter."
*Code de déontologie médicale, décret n°95 – 10000 du 6 septembre 1995, devoirs généraux des médecins, article 2.
La Croix 29/12/05