Les travaux de Jacques Cohen controversés

Publié le 9 Mai, 2001

Les grands quotidiens reviennent sur les travaux de Jacques Cohen, de l’Institut américain de médecine reproductive à Saint Barnabas dans le New Jersey, qui a fait naître plusieurs bébés de mères stériles par une technique inédite.

 

Ce chercheur a émis l’hypothèse que les cas d’infertilité féminine importante sont liés à une anomalie des mécanismes par lesquels l’ovule est habituellement activé lors de la fécondation. Selon lui, il manque certains facteurs au bon développement de l’ovule que l’on trouve dans le cytoplasme (partie soluble de l’ovule). Il a donc voulu transférer dans les ovules déficients du cytoplasme prélevé sur des femmes stériles.

 

La communauté scientifique se montre réticente face à cette nouvelle technique. Pour les scientifiques, il ne s’agit pas de manipulation génétique comme l’explique le généticien Axel Kahn : « les gènes transférés ne servent qu’au fonctionnement de la cellule et rien d’autre ». L’inquiétude est ailleurs, ainsi Jacqueline Mandelbaum, biologiste à l’hôpital Necker s’indigne : « c’est aberrant de faire ce genre de choses, alors qu’il n’y a pratiquement aucune expérimentation préalable sur l’animal ».

 

En effet, les trois principaux reproches adressés à Jacques Cohen et son équipe sont les suivants :

 

– l’hypothèse selon laquelle l’infertilité des femmes traitées résulte de l’absence d’un certain facteur dans l’ovule est fragile.

– peu d’expérimentations préalables chez l’animal ont été réalisées.

– l’intervention réalisée sur les femmes l’a été sans protocole précis et sans programme expérimental c’est à dire sans évaluation préalable des résultats attendus, de leur innocuité, de leur efficacité… La mise en garde du biologiste James Cummins (Murdoch university à Perth, Australie) est claire : « les tentatives de sauver des ovules anormaux par un transfert de cytoplasme risque de faire émerger des évènements imprévisibles et complexes ».

 

L’éditorial de la revue américaine Science du 20 avril dernier dénonce cette technique comme l’illustration des carences de la réglementation américaine sur les manipulations génétiques. Par ailleurs, Axel Kahn rappelle que « les conditions d’expérimentation sur l’homme sont très codifiées, et ce depuis le code de Nuremberg depuis 1947 ».

 

Le Monde 09/05/01 Libération 09/05/01 La Croix 09/05/01

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