En Inde, une femme a récemment utilisé le sperme de son fils décédé d’un cancer pour avoir des petits enfants. Cette mère a eu recours à un don d’ovocyte et à une mère porteuse pour mettre au monde les jumeaux. Dans ce cas, le donneur, son fils, avait fait congeler son sperme avant le traitement et avait donné à sa mère et à sa sœur le droit de l’utiliser en cas de décès. Cependant l’extraction de sperme posthume et péri-mortem est parfois utilisé dans des circonstances comme celle-ci si les gamètes n’ont pas été conservés pendant la vie (cf. Insémination post-mortem : son mari assassiné, la jeune femme demande une FIV).
Si les cadavres contiennent une variété de matériaux qui peuvent être utiles aux autres, la question est de savoir si le prélèvement et l’utilisation de ces matériaux est en soi acceptable. La violence du procédé utilisé après la mort peut être en effet qualifiée d’indigne, et pour certains, relève de l’agression sexuelle.
Par ailleurs, ce que les gens souhaitent utiliser, ce sont les gènes des personnes décédées, mais le procédé manifeste une étrange asymétrie : les enfants obtiennent leurs gènes d’au moins deux personnes, mais le contributeur génétique féminin peut disparaître. Dans l’histoire indienne, une donneuse d’ovocyte anonyme a été requise, qui a été exclue des arrangements ultérieurs. Elle n’a joué aucun rôle mais le don de son tissu reproducteur était nécessaire pour que le rêve d’une femme de devenir grand-mère se réalise.
Ce que révèle cette histoire, c’est que « les produits de reproduction tels que le sperme et les œufs ont une valeur indépendante de la personne qui les produit » et des systèmes de régulations doivent se mettre en place « pour s’assurer que des corps ne soient pas pillés au bénéfice d’autres ».
Les technologies de reproduction et la recherche sur les embryons ont ensemble transformé les gamètes en produits commercialisables. Les spermatozoïdes et les ovocytes peuvent être et sont achetés et vendus. Et le médecin qui peut garantir un approvisionnement en gamètes, en particulier en ovocytes, aura un avantage substantiel sur le marché du traitement de la fertilité.
Bionews, Dr Anna Smajdor (05/03/2018)