Les soins palliatifs privilégiés par une majorité de Français

Publié le 20 Jan, 2011

La Vie revient sur le sondage Opinion Way, publié le 17 janvier 2011, révélant que 60% des Français privilégient les soins palliatifs à la légalisation de l’euthanasie (Cf. Synthèse de presse du 17/01/11). Ils sont aussi 57% à se dire inquiets des risques de dérives qu’entraînerait l’euthanasie. Les précédentes enquêtes d’opinion se limitaient à interroger un panel de personnes sur leur souhait de recourir ou non, à la seule euthanasie "en cas de douleur insupportable" sans proposer d’autres alternatives. Ce nouveau sondage montre que lorsqu’on leur donne le choix entre différentes "aides à mourir", les français interrogés préfèrent que leur proche très malade ou en fin de vie bénéficie de soins palliatifs plutôt que de subir une injection létale.

La Vie publie également les témoignages de Frédéric Chaudier, Sophie Fontanel et Maryannick Pavageau. Frédéric Chaudier a réalisé le film Les Yeux ouverts qui montre comment son expérience de l’extrême fragilité en fin de vie a changé son jugement sur l’euthanasie (Cf. Synthèse de presse du 08/10/10). Alors que son père savait sa fin proche, ils avaient projeté de partir en Suisse où l’euthanasie est autorisée, imaginant que l’existence ne pouvait plus leur "offrir des périodes utiles". Pourtant, raconte-t-il, "c’est bien ce que nous avons expérimenté, au fil de ses deux dernières années en soins palliatifs. Ces moments-là resteront à jamais de "la vie en plus" ". Pour Frédéric Chaudier, il est essentiel d’améliorer "l’accueil des personnes en fin de vie, en atténuant leur souffrance mais aussi en continuant à les considérer comme des personnes. Les soignants le disent, si ces conditions sont satisfaites, la demande de mort disparait". Il s’interroge : "n’oublions pas qu’une société se juge à l’aune de ses lois. En l’espèce, si on instituait un droit à donner la mort, à quelle image de notre relation fragilité, à quel modèle de vivre ensemble nous référerions-nous ?" Sophie Fontanel, journaliste à Elle, raconte dans son livre Grandir, comment elle accompagne sa mère "dans la fragilité de sa vieillesse". "Je sens bien que la réponse est un peu simple, trop rapide" dit-elle au sujet de l’euthanasie et souligne "le risque qu’il y aurait à accéder à la demande d’une personne découragée qui demande à mourir". "Une personne âgée est comme une éponge, elle absorbe tous vos états d’âme, sent votre fatigue, votre abdication, perçoit très vite si elle est une charge […] j’essaie de montrer à ma mère ce qu’elle m’apporte dans sa vulnérabilité, le rôle qu’elle continue de jouer pour moi. Et je vois son regard qui s’allume" confie Sophie Fontanel, ajoutant qu’il n’est pas aisé pour une personne jeune d’admettre "que quelqu’un cloué dans son lit peut encore être heureux s’il est aimé". Maryannick Pavageau livre également son témoignage. Tétraplégique suite à un locked-in syndrom, elle a reçu la Légion d’honneur en octobre 2010 pour son combat en faveur des personnes handicapées (Cf. Synthèse de presse du 28/10/10). Elle dit son inquiétude : "quand j’entends certaines prises de position publiques en faveur de l’euthanasie, je pense aux dommages collatéraux sur nous, les locked-in syndrom […] si un jour je traverse une période de découragement intense, est-ce qu’on va m’euthanasier en rebaptisant cet acte "geste d’amour" ?"

La Vie (Claire Legros, propos recueillis par Claire Legros et Armelle Breton) 20-26/01/11

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