Les perspectives thérapeutiques de la stérilité masculine

Publié le 3 Mar, 2013

 Si la femme ne “produit des ovocytes qu’entre l’âge de la puberté et celui de la ménopause, l’homme produit des spermatozoïdes en permanence à partir de la puberté“. Cette production de spermatozoïdes, qui diminue avec l’âge, “est rendue possible par l’existence, dans le testicule de cellules souches spermatogoniales” qui “ont la capacité de s’autorenouveler et de se différencier en spermatozoïdes indéfiniment“. 

 

On observe plusieurs causes de stérilités masculines. Il peut s’agir d’une “insuffisance de production de spermatozoïdes [qui] [peut] être [due]  soit à l’existence d’un trop faible nombre de […] cellules souches” spermatogoniales dans le testicule du sujet, ou d’un “blocage du processus de formation des spermatozoïdes”.

 

Il peut s’agir aussi de la seule existence “dans le testicule des cellules de soutien appelées  cellules de Sertoli“.
Enfin, il peut aussi s’agir d’ “une stérilité masculine dite secondaire […] induite par un traitement toxique donné pour une pathologie cancéreuse par exemple“.

Sur ce dernier type de stérilité masculine dite secondaire, les perspectives thérapeutiques sont un défis à relever. En effet, le Dr Virginie Barraud-Lange, du service d’histologie – embryologie, biologie de la reproduction à l’hôpital Cochin, explique que”préserver les cellules souches avant un traitement anticancéreux ou même essayer de restaurer la spermatogenèse d’un homme ne produisant pas assez de spermatozoïdes” n’est pas possible actuellement. Seuls des essais chez la souris ont été effectués. En 1994, des travaux de recherche ont permis de réaliser “une spermatogenèse complète […] chez la souris rendue stérile, après transplantation de cellules souches spermatogoniales prélevées chez d’autres souris“. Cette greffe a permis“à la souris greffée de donner naissance à une primogéniture présentant les caractéristiques de la souris donneuse de greffon“, et “aucune anomalie du développement ou modification génétique n’a été observée sur deux générations de souris issues d’un mal transplanté“. Ces mêmes travaux ont été réalisés chez d’autres espèces de mammifères comme la chèvre, le cochon et le bovin, et “viennent d’être réalisés chez le singe macaque rhésus“. La revue Cell Stem Cell, relaye d’ailleurs de récents travaux du groupe de Hermann, à Pittsburgh, qui montrent que “des cellules souches spermatogoniales transplantées dans les testicules d’animaux stérilisés sont également capables de produire des spermatozoïdes fonctionnels, aptes à féconder des ovocytes in vitro par micro-injection (ICSI)“.

Chez l’homme, les chercheurs ne sont pas encore parvenus à “individualiser correctement” les cellules souches spermatogoniales. Une fois cette technique mise au point, le Dr Virginie Barraud-Lange précise qu’ “il devrait être possible de conserver les cellules souches de jeunes garçon non pubères devant être soumis à des traitements à risques stérilisants” et “d’enrichir le testicule d’un homme infertile en multipliant en laboratoire ses propres cellules souches spermatogoniales avant de les lui greffer pour repeupler son testicule“. 

 Le Figaro (Dr Virginie Barraud-Lange) 04/03/2013

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