Selon une étude menée dans 22 pays dont la France[1] et publiée le 31 août[2], le nombre de greffes a chuté de 16% en 2020 par rapport à 2019[3], alors qu’ « il augmente habituellement d’année en année de 5 à 10% ». En cause, la crise sanitaire. « C’est surtout pendant la première vague que les activités de transplantation ont chuté drastiquement, mais elles ne sont pas encore revenues à la normale et il faudra pour cela sans doute plusieurs années », rapporte le professeur Loupy, néphrologue, directeur du Centre de recherche translationnelle pour la transplantation d’organes de Paris.
Deux raisons majeures : « le poids considérable de la prise en charge des patients Covid-19 pour le système de santé et les risques accrus d’infection pour les patients transplantés et donc immunodéprimés ». C’est en effet dans les services de soins intensifs, « que les donneurs sont repérés et que le prélèvement a lieu », mais aussi que les receveurs restent les premiers jours après la transplantation.
Les greffes à partir de donneur vivant, notamment celles de rein sont les plus touchées, ainsi que celles de poumon et de foie dans une moindre mesure. Les transplantations cardiaques ont pour leur part baissé de 5,5%. Au total, l’étude estime que la baisse d’activité a entraîné « 48 239 années de vie perdues ».
Selon les pays, les auteurs ont noté des différences de gestion : en Argentine, au Japon ou encore au Chili, « l’activité de transplantation a chuté nettement alors même que le nombre de décès dus au Covid était peu élevé ». Aux Etats-Unis, en Italie, Suisse, Slovénie et Belgique, « l’activité de transplantation a relativement peu diminué alors même qu’ils étaient très touchés par l’épidémie ». Mais dans la majorité des pays dont la France, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’activité de transplantation « a baissé de façon concomitante aux décès par Covid ».
La France a connu « l’une des baisses les plus importantes » pendant les premières semaines de la pandémie : -90%. Sur toute l’année 2020, la diminution est de 29% dans notre pays. L’Espagne a toutefois « maintenu son leadership avec 5 % des greffes dans le monde, alors qu’elle ne représente que 0.6% de la population mondiale ».
Pour le professeur Loupy, la crise sanitaire aura toutefois « été l’occasion de créer un observatoire [international] unique », qui devrait perdurer. Les auteurs de l’étude ont également mis en ligne un tableau de bord « présentant les données recueillies auprès des institutions officielles ».
[1] 16 pays européens, Canada, Etats-Unis, Argentine, Brésil, Chili et le Japon. Ces pays « représentent environ 62 % de l’activité mondiale de transplantation ».
[3] Soit 11253 greffes en moins ; une chute évaluée à 31% pendant la « première vague »
Sources : Le Monde, Sandrine Cabut (31/08/2021) ; Medical press (31/08/2021) ; Inserm, CP (31/08/2021) ; Hospimedia, Pia Hémery (1/09/2021) ; AFP (31/08/2021)