Les études de médecine ne développent pas assez la formation humaine des médecins

Publié le 20 Fév, 2013

 Pour développer la formation humaine des médecins au cours de leurs études, “le gouvernement veut mettre en place des ‘passerelles’ avec les autres disciplines“, comme le droit ou la psychologie. 

 
Aujourd’hui, la “fascination pour la technologie, [la] judiciarisation des rapports soignant-malade, [la] prégnance du principe de précaution ou encore [la ] propension des patients à se rendre sur Internet pour interroger la pertinence du diagnostic” sont “autant de facteurs qui amènent des médecins à garder une certaine distance avec le malade, à regarder sa pathologie, à oublier qu’il reste avant tout une personne, avec son parcours, son caractère, ses interrogations, ses craintes“. Or, “ce biais est parfois ressenti douloureusement par le patient et son entourage notamment dans les moments clés, comme l’annonce de la maladie“. De plus, “cette distance est […] susceptible d’amoindrir les effets de la thérapie, tant les effets psychologiques entrent en ligne de compte dans la guérison“. 

 

Pour le professeur François-Bernard Michel, pneumologue et président de l’Académie nationale de médecine, “l’attitude humaniste n’est pas un surplus, une juxtaposition. Elle est consubstantielle à la médecine“. Ainsi, il faut selon lui réformer “la formation mais aussi, en amont la sélection et l’orientation“. En effet, il précise: “trop de jeunes gens s’engagent dans la voie de la médecine sans savoir ce qui les attend. Arrivés en fin de cursus, 20% d’entre eux se demandent s’ils veulent vraiment exercer ce métier“. En outre, il déplore qu’ “à ce jour, jamais  personne ne demande aux candidats s’ils savent vraiment ce qu’est la médecine, s’ils ont envie d’écouter les plaintes, d’accompagner les mourants, s’ils s’en sentent capable“, considérant par là “que les élèves tentés par de telles études puissent, dès le lycée, rencontrer des médecins qui les accueillent en stage ou leur racontent leur quotidien“.

 

Pour Dominique Perrotin, président de la Conférence des doyens, “la meilleure façon de véhiculer ces valeurs, c’est la professionnalisation précoce, le fait d’aller très tôt au contact des patients, au sein d’une équipe médicale, sur le mode du compagnonnage“. 

 

A propos du contenu des études de médecine, le professeur Michel observe que si “les étudiants de premières année sont certes tenus de suivre des cours de sciences humaines […] la qualité des enseignements ‘varie grandement d’une faculté à l’autre’ “. Et Pierre Catoire, président de l’Association nationale des étudiants en médecine (ANEMF) déplore que l’évaluation de cet enseignement se fasse par le biais d’un questionnaire à choix multiple. Selon lui, “on ne laisse pas la pensée se développer” par ce type d’évaluation. 

 La Croix (Denis Peiron) 20/02/13

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