Les enfants nés par PMA confrontés à l’anonymat des donneurs témoignent

Publié le 7 Sep, 2016

Née par PMA, « il fallait qu’elle retrouve son donneur à tout prix. Sa vie en dépendait ». Sarah a aujourd’hui 25 ans. En 2013, après 4 années de lutte acharnée, la justice allemande lui accorde le droit de connaître l’identité de son donneur. Un immense espoir en France pour Sophie, Béatrice, Romain et Raphaël tous nés via un don de sperme et qui cherchent à savoir quelle est l’identité de celui qui leur a donné la vie, ou même seulement, comme l’exprime Sophie : « J’aimerais juste qu’on redonne un aspect humain à cette personne, non pas qu’on fasse comme si c’était juste quelqu’un qui avait donné ses paillettes de sperme comme ça, dans un tube à essai. »

 

 

Aujourd’hui seuls 10% des enfants nés de procréation médicalement assistée par don de sperme apprennent un jour la vérité sur leur origine. Des enfants qui restent sans réponses face au mur que dresse l’anonymat légal des donneurs de sperme. Béatrice avoue que « Tout ça me freine pour avoir des enfants. Je transmets quelque chose que je ne connais pas ! ».

 

Sophie apprend par hasard, à 15 ans, qu’elle est née d’une PMA :  « Alors qu’elle voulait ‘piquer des fringues’ dans la chambre de sa mère, Sophie trouve son journal intime caché dans une pile de vêtements. Là, écrit noir sur blanc, elle découvre la vérité. ‘Je l’ai ouvert, pile poil à l’endroit où elle en parlait’ ». Elle n’en parle qu’une fois avec ses parents et est depuis hantée par ces questions.

 

Romain est retourné dans « le cabinet gynécologique où il a été conçu par IAD (insémination artificielle avec don de sperme) ». Il voulait que le médecin donne une lettre à son donneur et il s’est heurté a son refus : « Elle seule sait, et le secret pourrait bien mourir avec elle ». Tandis que « d’autres médecins du même cabinet lui glissent qu’ils faisaient souvent appel aux pompiers du Port Royal ou aux étudiants en médecine de Cochin ». Certains cabinets privés font appels à des donneurs rémunérés en dehors de tout cadre légal… « 500 francs la branlette à l’époque ça payait le weekend », enrage Romain.

 

Raphaël « a toujours été un alien dans sa famille ». Il apprend par hasard ses origines, au retour d’une fête alcoolisée. A sa mère qui lui fait des reproches, il lance sans comprendre : «” Avant de m’engueuler, tu ferais mieux de me dire comment je suis né ” ou quelque chose comme ça ». Et il regrette : « Chacun imagine sa conception. Pour moi, c’est une non-histoire, un mythe, une sorte d’Immaculée Conception où l’acte médical remplace l’acte charnel ». 

 

 

Sarah, quant à elle, a pu rencontrer son donneur : « Dès la première rencontre, dans ce café à Bonn, Sarah n’a aucun doute : sa démarche n’est que trop familière, son menton identique au sien, sa maladresse aussi – il fait tomber sa tasse de café à peine cinq minutes après l’avoir eu entre les mains. L’énigme de son enfance se résout petit à petit. Elle qui pensait être le mouton noir de sa famille – introvertie, le nez dans ses livres, au contraire de Wolfgang, son père, footballeur à ses heures perdues, exubérant – est bien la fille de son donneur. Les gènes ont même transmis la passion de l’histoire ; elle l’étudie, il l’enseigne. Ils partagent un amour pour la bonne cuisine et les mêmes goûts en musique. Le dernier CD qu’elle lui a offert est celui d’Asgeir, un groupe islandais. ‘Quand je le vois, c’est comme une réunion de famille, sauf que c’est un ami. C’est plutôt plaisant : on ne se connaît pas du tout, mais on a l’impression de s’être toujours connu’ ».

 

Son donneur, qui aurait 14 autres enfants, « se réjouit de cet heureux évènement ». « Pour eux qu’il aimerait tant rencontrer, il serait prêt à organiser une garden-party une fois par an, pour tous se retrouver. En famille ».

Le Monde (02/09/2016)

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