Les dangers de l’euthanasie – Pr Lucien Israel

Publié le 1 Mai, 2002

Les dangers de l’euthanasie – Pr Lucien Israël
Un combat quotidien
« Des années de confrontation au destin et à la maladie m’ont appris que la demande réelle du patient n’est pas exclusivement de guérir. Parfois, quelque chose en lui sait que ce n’est pas possible. Mais il a besoin de rencontrer des êtres humains qui reconnaissent par leurs actes, que la vie qu’il leur confie a une valeur sacrée. »Qui peut décider d’interrompre la vie d’un homme ? Faut-il euthanasier des patients atteints de maladies incurables ? Choisir le moment et les conditions de sa mort est-il un droit imprescriptible ? Qui souffre le plus du malade ou de son entourage ?
Dans un contexte où, en Europe, l’euthanasie est en voie de légalisation, la voix puissante du professeur Lucien Israël dans « Les dangers de l’euthanasie » s’élève au-dessus des idéologies, des croyances et des débats partisans. Ce cancérologue de renom, membre de l’Institut, nous livre le témoignage poignant du médecin qui a consacré sa vie au combat contre la mort. Il a dirigé pendant vingt ans le service de cancérologie de l’hôpital Avicenne à Bobigny. C’est un lieu où on voit les gens mourir. Où la mort, du moins le mourant, doit « être regardée fixement ». Pas de sentimentalité, mais un combat quotidien pour donner sa chance au malade.
Une vie au service de la vie
C’est en vertu de cette longue expérience de terrain, au plus près des malades, qu’il prend position contre l’euthanasie. En cinq courts chapitres, l’auteur nous invite à nous interroger sur les véritables mobiles des promoteurs de l’euthanasie et sur la mission du médecin face à la souffrance et à la mort.
Pour lui, l’euthanasie n’est ni un geste empreint d’humanisme ni un acte de compassion, mais bien un projet qui remet en question le sens de l’acte médical. Lucien Israël rappelle que « chaque être est absolument unique ». Le médecin « qui constitue le recours face à l’adversité durant le séjour terrestre », doit comprendre et respecter ce statut singulier.
L’obstination thérapeutique
Condamnant l’acharnement thérapeutique, il prône néanmoins l’ « obstination thérapeutique » qui consiste pour les soignants à tout tenter, à être imaginatifs et à soutenir l’espoir des patients par leur persévérance. « Il est en fait très rare, souligne-t-il, que les malades qui reçoivent des soins et de l’affection, demandent la mort. » Alors que l’euthanasie est souvent invoquée comme seul moyen de mettre fin à des souffrances insupportables, Lucien Israël montre qu’au cours des années qu’il a passées au service des patients reçus dans son unité, il n’a jamais rencontré de cas de douleur, de souffrance physique que la médecine aujourd’hui ne puisse contrôler et apaiser. Mais en France pendant longtemps, le traitement de la douleur n’a pas fait partie des matières enseignées au cours des études médicales. Ce qui explique en partie et conjointement avec l’existence d’un étrange comportement culturel français face à la souffrance, le peu de recours dans les hôpitaux à ces méthodes de traitement de la douleur.
La mort du lien social
Plus généralement, l’euthanasie, en instrumentalisant et en banalisant la vie humaine, mettrait en péril le lien symbolique entre les générations. « Il y a un non-dit absolument indispensable à la cohérence d’une société ; le respect dû à la vie et la nécessité de prolonger jusqu’au bout les efforts pour maintenir les individus en vie font partie de ce non-dit. » En réponse aux questions de la journaliste Elisabeth Lévy, le professeur Lucien Israël revient sur sa pratique de médecin, sa « vie au service de la vie », pour nous mettre en garde contre les conséquences graves que pourrait avoir la légalisation de l’euthanasie sur la transmission des valeurs et sur la solidarité entre les membres de la communauté.
Et de conclure : « Si la France demeurait une nation au sein de laquelle des liens solides continuaient à souder entre eux les citoyens, l’euthanasie serait impensable. Car ces liens en auraient assurément renforcé d’autres, plus symboliques, ceux qui unissent les générations entre elles.
J’ai évoqué plus haut l ‘énergie avec laquelle les malades saisissent la moindre once d’espoir, pourvu qu’on la leur offre. Les individus malades s’accrochent à la vie, il faut espérer que les sociétés malades s’accrochent elles aussi à leur survie, et qu’une thérapeutique sociale verra le jour, appuyée sur une prévention par l’éducation et par la transmission des valeurs. Médecins des individus, médecins des sociétés : même combat. »
Lucien Israël, Les dangers de l’euthanasie, éditions des Syrtes 2002. Vous pouvez commander cet ouvrage directement chez l’éditeur. Prix 18 € (frais de port gratuits en mentionnant « Gènéthique ») par chèque à l’ordre de : Editions des Syrtes, 74 rue de Sèvres, 75 007 Paris

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