Libération consacre un article aux angoisses liées à la grossesse. Un sondage révèle ainsi qu’une femme sur deux est angoissée au cours de sa grossesse et que 10% d’entre elles passent par des épisodes dépressifs. Ces angoisses sont d’autant plus difficiles à assumer qu’aujourd’hui "les femmes n’ont plus le droit de se plaindre : si elles sont enceintes, c’est qu’elles l’ont bien voulu", insiste Dominique Vernier, psychologue à la maternité de l’hôpital Robert-Debré.
Alors que les progrès médicaux auraient pu apaiser ces craintes, force est de constater que c’est le contraire qui se passe. "(…) La grossesse aujourd’hui, c’est une batterie de tests, des courbes de poids ou de température, des interdits tous azimuts, et des dogmes en cascade." La surmédicalisation qui accompagne désormais les grossesses "flirte avec la "perfectionnite", le grand mal du siècle". "Puisqu’on a les moyens, la grossesse est censée être parfaite."
Tous ces examens "ont un effet clairement anxiogène", déplore Chan Huel, gynécologue obstétricienne à Robert-Debré. Le bouleversement hormonal de la femme n’arrange rien : "totalement focalisée sur sa grossesse, elle devient la proie idéale pour toutes les angoisses."
L‘absence de contrôle sur leur vie et leur corps ressentie par certaines femmes au fur et à mesure que s’arrondit leur ventre peut accroître ces troubles. "Les femmes d’aujourd’hui revendiquent leur indépendance et leur autonomie. Or, celles-ci s’accordent mal avec les bouleversements de la grossesse. Le corps se transforme, et avec lui c’est toute l’identité qui est remaniée, sans qu’on puisse freiner le processus", explique Dominique Vernier.
Libération (Giulia Foïs) 22/05/07