Dans un essai dense et très riche, tout en restant accessible, Stanislas Deprez propose une analyse détaillée du concept de transhumanisme, distinguant le mouvement, la doctrine et l’imaginaire qu’il véhicule.

Technophile et individualiste, toutes les idées ne font pas l’unanimité parmi ses membres. Immortalité, augmentation, intelligence artificielle et robots : ces thématiques sont abordées avant de mettre en lumière comment le transhumanisme veut repenser l’être humain dans différentes dimensions. Dès lors, cet essai permet d’approfondir la compréhension de ce courant de pensée et de nourrir la réflexion.

L’auteur semble quant à lui vouloir adopter une position neutre. Certains propos auraient pourtant requis une mise en perspective ou une analyse éthique plus approfondie. Ainsi, quand Stanislas Deprez aborde la question des « bébés médicaments » ou du « tri des embryons », le danger qu’il évoque est celui de la prise en charge par les assurances maladie. Mais n’est-on pas face à un risque anthropologique majeur d’un tout autre ordre ? Ou bien quand l’auteur évoque la naissance de Lulu et Nana, deux petites filles génétiquement éditées, comme une « expérience » réussie, n’est-ce pas aller un peu vite ? (cf. Le manuscrit de He Jiankui confirme les risques encourus par les bébés OGM ; Editer le génome : des conséquences imprévisibles ?)

Autre exemple : à l’occasion de l’examen du concept de « bienfaisance procréatrice », les conséquences du dépistage prénatal de la trisomie 21 sont évoquées. « Cependant les parents ne peuvent imposer à un enfant d’être trisomique. » Mais s’agit-il d’« imposer » une trisomie à un enfant ou bien de l’accueillir tel qu’il est, porteur de trisomie ou non ? Et que penser de ce sociologue qui range dans une même catégorie « enfants humains », « adultes humains mentalement déficients » et … « grands singes » ? Certes pour les qualifier de « personnes » mais, là encore, la pensée brute d’un auteur mériterait d’être questionnée.

En dépit de ces réserves, il reste que cet ouvrage fouillé permet de s’interroger et se positionner face au transhumanisme. Un « mouvement qui parle autant, sinon plus, de l’humain d’aujourd’hui que du posthumain de demain ».

 

Edition : La Découverte

Date de parution : 05/09/2024

Nombre de pages : 128

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