Le suicide « rationnel » signifie « qu’il ne résulte pas d’une souffrance mentale motivant un acte impulsif guidé par les affects ». Une sorte de « mort voulue par un être humain », sans condition d’âge ou de santé. Ce concept, dérivé du suicide médicalement assisté, « est évoqué avec le plus grand sérieux par des personnes qui évoluent dans le milieu médical » américain, et envisagé par certains seniors. Parmi les suicides liés à une présence de longue durée en établissement spécialisé persiste, combien résulte d’une « décision rationnelle » s’interroge Dena Davis, professeure de bioéthique à l’université Lehigh de Pennsylvanie. Elle plaide pour l’ouverture d’un débat sur ce sujet. « Mais peut-on parler de « rationalité » chez une personne potentiellement « déprimée » ? Qui peut faire la part entre les troubles de l’humeur et l’expression affichée de mourir dans la dignité ? Et comment ne pas s’interroger, précisément, sur les raisons profondes qui font demander un geste « médicalement assisté » ? » commente Jean-Yves Nau, journaliste et docteur en médecine.
Yeates Conwell, psychiatre à l’université de Rochester , analyse pour sa part qu’«en tant que membres de la société, nous avons la responsabilité de prendre soin des gens à mesure qu’ils vieillissent. La promotion du “suicide rationnel” risque de créer un sentiment d’obligation de recourir à cette méthode plutôt que de préconiser de meilleurs soins qui répondent à leurs préoccupations.»
Jean-Yves Nau (26/06/2019) – Suicide médicalement assisté : faudra-t-il attendre longtemps avant de le «rationaliser» ?
Salte, Ines Clivio (26/06/2019) – L’idée du «suicide rationnel» pour les personnes âgées émerge aux États-Unis