Rémy Salvat, un jeune homme de 23 ans lourdement handicapé, s’est suicidé dimanche 10 août à Valmondois, dans le Val d’Oise. Il souffrait d’une maladie orpheline dégénérative mitochondriale depuis l’âge de 6 ans. L’autopsie a conclu que son décès était dû à une surdose de médicaments.
Dans une lettre adressée au Président de la République, il avait réclamé, en mai dernier, le "droit de mourir". Nicolas Sarkozy avait répondu par la négative à sa demande, le 6 août dernier, expliquant que, "pour des raisons philosophiques personnelles, je crois qu’il ne nous appartient pas, que nous n’avons pas le droit, d’interrompre volontairement la vie". Pour le chef de l’Etat, la priorité réside dans l’accompagnement du malade, privilégiant "le dialogue au chevet du malade entre lui-même, le médecin et la famille, en toute humanité afin que soit trouvée la solution plus adaptée à chaque situation". Selon des sources proches du jeune homme, ce-dernier n’aurait pas souhaité recourir aux soins palliatifs et, en 1999, sa mère avait déjà tenté de mettre fin à ses jours avant de renoncer à son geste au dernier instant. Mise en examen pour tentative de meurtre, l’affaire s’était soldée par un non-lieu.
D‘après Caty Richard, avocate de la famille Salvat, Rémy "a fait de son suicide un acte militant". Avocate aussi de Lydie Debaine, qui, en 2005, a tué sa fille handicapée de 26 ans, Caty Richard estime que son acquittement (cf. Synthèse de presse du 10/04/08) "a été un premier pas vers une reconnaissance de l’euthanasie" et souhaite que "sur ce sujet, comme sur l’avortement ou la peine de mort, le législateur suive ce que dit la justice". "Il ne faut plus laisser les gens le faire seul, c’est criminel", conclut-elle.
Pour Jean Leonetti, auteur de la loi en vigueur sur la fin de vie et rapporteur de la mission d’évaluation de cette même loi, dans le cas de Rémy Salvat, "on n’est pas dans un débat sur la fin de vie mais face à une personne lourdement handicapée qui réclame à la société un droit opposable au suicide" et, pour lui, si "cette demande est respectable en tant que liberté et choix individuel", elle est "inacceptable en tant que droit universel assumé par la société".
Président de "l’association pour le droit de mourir dans la dignité" (ADMD), Jean-Luc Romero s’est indigné : "comment peut-on encore tolérer qu’on ait laissé Rémy seul face à son drame alors qu’à une heure de Thalys de chez lui, en Belgique, il aurait pu être aidé et non laissé dans la solitude affronter ses derniers instants ?".
Le cardinal archevêque de Lyon, Mgr Barbarin, estime lui qu’on en peut pas "encourager ceux qui ont envie de mourir" mais que, "au contraire, on doit toujours lutter pour la vie".
Rappelons que Nicolas Sarkozy a présenté, en juin dernier, un plan, doté d’une enveloppe de 230 millions d’euros, visant à doubler la prise en charge des malades en soins palliatifs d’ici 2012 et prévoyant la création d’unités spéciales dans les hôpitaux (cf. Synthèse de presse du 13/06/08).
On apprend enfin que le rapport d’évaluation de la loi Leonetti sur la fin de vie – demandé à la suite de l’affaire Sébire – devrait être rendu dans le courant du mois de novembre (cf. Synthèse de presse du 07/04/08).
Nouvel Obs.com 14/08/08 – Ouest France 15/08/08 – Romandie News 13&14/08/08 – M6 Info.fr 13/08/08 – Le Point.fr 14/08/08 – Jdd.fr (Vivien Vergnaud) 13&14/08/08 – Le Parisien.fr (Laurence Allezy) 13/08/08 – Le Figaro 16&17/08/08 – Le Monde 15/08/08 – Le Figaro 15/08/08 – Libération 16&17/08/08 – Le Figaro (Angélique Négroni) 14/08/08 – La Croix 14&15/08/08 – France Soir.fr 15/08/08 – Le Figaro 19/08/08 – Valeurs Actuelles 21/08/08