Deux études, l’une australienne l’autre américaine, explorent la vie utérine au regard de l’analyse génomique du placenta et de son microbiote.
“Les embryons femelles résistent mieux que les mâles à un environnement utérin hostile.” En cause, le placenta : plus de cent quarante gènes y sont activés différemment selon le sexe. “Le placenta joue un rôle fondamental dans le développement de l’embryon et du fœtus” observe le professeur Danièle Evain-Brion, pédiatre et directrice de recherche à l’INSERM qui précise que “ses dysfonctionnements sont à l’origine d’un grand nombre de pathologies de la grossesse.”
Il s’avère que le placenta a un sexe : celui de l’embryon. Mis en place lors de la grossesse, cet organe est un mélange de tissus maternels et fœtaux, dont la majorité est constituée de cellules de l’embryon. Or dans la lutte pour la survie in utero, les filles sont clairement gagnantes : elles présentent moins de naissances prématurées, de morts périnatales et de complications à la naissance.
L’étude australienne à l’origine de cette découverte a comparé l’expression des gènes, selon le sexe, dans plus de trois cents placentas issus de grossesses non pathologiques. L’expression de certains gènes y est plus active chez les filles, et “les fœtus féminins sont ainsi plus aptes à mettre en place des stratégies de contournement des risques lors de la grossesse.”
L’étude américaine, elle, s’intéresse à la “colonisation des bactéries” du placenta. Le travail des Américains révèle que le microbiote placentaire a une composition unique. Il est toutefois relativement proche du microbiote oral, c’est-à-dire des bactéries présentes dans notre bouche.
“On sait que les femmes qui ont des problèmes d’inflammation des gencives sont plus à risque d’accouchement prématuré. D’où ce message de prévention : consultez un dentiste avant un projet de grossesse” résume ainsi Danièle Evain-Brion.
Le Monde Science et Techno (Florence Rosier) 02/06/2014