Lundi, le Sénat de l’Etat de New York a approuvé, par 35 voix contre 27, une proposition de loi visant à autoriser les personnes en phase terminale à mettre fin à leur vie. Le texte qui a été adopté par l’Assemblée de l’Etat au début de l’année va à présent être soumis à la signature du gouverneur Kathy Hochul. Un porte-parole de son bureau a seulement déclaré qu’elle l’examinerait.
A l’heure actuelle, onze Etats ainsi que le district de Columbia ont adopté des lois autorisant l’« aide médicale à mourir ». Le projet de loi new-yorkais concernera les personnes atteintes d’une maladie « incurable et irréversible », dont le pronostic vital est de six mois ou moins, confirmé par deux médecins qui pourront orienter le patient vers une évaluation psychiatrique « s’ils le jugent nécessaire ».
Une question de « liberté » ?
« Il ne s’agit pas de mettre fin à la vie d’une personne, mais d’abréger sa mort », a déclaré Brad Hoylman-Sigal, sénateur de l’Etat et l’un des auteurs de la proposition de loi, présentant la mesure comme une « déclaration des valeurs » de New York, à l’opposé des efforts déployés par les républicains pour « accroître le contrôle gouvernemental sur le corps des gens, notamment en limitant les soins de réaffirmation du genre et l’avortement ». « Il s’agit d’autonomie personnelle », a affirmé le sénateur. « Il s’agit de liberté. Il s’agit d’exercer sa propre liberté de contrôler son propre corps » (cf. « Est-on vraiment libre, quand la mort est préférable à la vie ? »).
La proposition a reçu le soutien d’une série d’organisations, parmi lesquelles l’association du barreau de l’Etat de New York, la New York State Psychiatric Association, la Medical Society of the State of New York et la New York Civil Liberties Union.
La Conférence catholique de l’Etat de New York s’y est en revanche fermement opposée.
Une priorité « mal placée »
Robert Bellafiore, porte-parole de la Conférence, a qualifié la mesure de « boîte de Pandore » qui érodera le respect de la vie, tant des patients en phase terminale que des personnes handicapées et de manière plus générale. « Elle dit aux jeunes, dont tout le monde sait qu’ils traversent une crise de santé mentale sans précédent, que la vie est jetable et qu’il est acceptable de mettre fin à sa vie s’il n’y a pas d’espoir », dénonce-t-il.
Outres des républicains qui ont jugé que le texte était typique des priorités « mal placées » du camp adverse, certains démocrates ont également exprimé de sérieuses inquiétudes quant à cette disposition.
« J’ai vu mon père mourir », a témoigné Crystal Peoples-Stokes, chef de file de la majorité à l’Assemblée, lors d’un discours prononcé en avril, au cours duquel elle s’est déclarée « catégoriquement » opposée à la proposition de loi. « Il m’a demandé de mourir deux ans avant qu’il ne décède », indique-t-elle. « Et parce qu’il ne l’a pas fait, mon petit-fils a eu la chance de le connaître. »
D’autres ont fait valoir que la législation pourrait être élargie à l’avenir, ce qui risquerait d’« exacerber les disparités existantes en matière de soins ». « Dans un système de santé à but lucratif, le suicide assisté est un moyen mortel de contrôler les coûts », a déclaré le Center for Disability Rights.
Source : The New York Times, Grace Ashford (09/06/2025) – Photo : Pixabay