Ce vendredi 18 juillet un projet de loi visant à légaliser le suicide assisté en Angleterre et au Pays de Galle a fait l’objet d’un important débat devant la Chambre des Lords, la chambre haute du Parlement. A l’initiative de Lord Falconer, ce projet prévoit d’autoriser le suicide médicalement assisté pour les adultes à qui il reste moins de six mois à vivre et après avis favorable de deux médecins. Ce projet fait grand bruit au Royaume-Uni et serait soutenu par 80% de la population britannique.
Dans le journal The Independant, Raymond Tallis, professeur émérite de l’Université de médecine gériatrique de Manchester et médecin favorable à ce projet de loi le résume en trois mots : “compassion, choix, sécurité“. Il estime que “la législation actuelle n’a pas suffisamment de compassion pour ce nombre significatif de personnes qui sont en train de mourir et qui endurent des souffrances intolérables que l’on ne peut alléger par des soins palliatifs“.
Pourtant, de nombreuses organisations médicales s’opposent à ce projet de loi. Ainsi en est-il du Dr Mark Potter, président du conseil de la British Medical Association (BMA) : “la BMA reste fermement opposée à la légalisation du suicide assisté“. Lors de la conférence annuelle de la BMA, précise-t-il, “cette question a été régulièrement débattue et de récents appels à un changement de la législation ont été rejetés“.
Certains opposant au projet craignent “qu’à terme, la loi ne s’élargisse à d’autres catégories de personnes comme les personnes handicapées, dépressives ou atteintes de démence, même si la loi débattue ne concerne que les personnes en phase terminale“. Ainsi, dans The Guardian, Penny Pepper, handicapée souffrant d’une maladie chronique et douloureuse, explique son opposition au projet : la loi, précise-t-elle, “nous amène sur un chemin dangereux de dévalorisation des personnes handicapées“. Autre argument invoqué, ” la pression que l’entourage de la personne [malade] pourrait exercer sur elle afin qu’elle opte pour le suicide assisté“. Un argument également invoqué par l’archevêque de Canterbury : si l’assistance au suicide était légalisée, “il serait très naïf de penser que beaucoup de personnes âgées qui sont maltraitées et négligées, tout comme les nombreuses personnes sévèrement handicapées, ne subiraient pas de pression afin de mettre fin à leur vie“.
Enfin, dans le Daily Mail, c’est un universitaire néerlandais, le Pr Theo de Boer qui fait part de son changement de cap. Favorable à l’euthanasie en 2002, le professeur de Boer envoie aujourd’hui le message suivant au Royaume-Uni : “Ne faites pas la même erreur que nous“. Rappelant le nombre croissant de suicides assistés aux Pays-Bas – entre 2008 et 2014, le nombre de suicide assisté a doublé (6000 en 2014) – il précise : “Légaliser le suicide assisté est une pente glissante vers une pratique généralisée de meurtres de personnes malades“.
Courrierinternational.com (Judith Sinnige) 18/07/2014 – Courrierinternational.com 10/07/2014 – Dailymail.co.uk (Professor Sheila Hollins) 17/07/2014 – Independant.co.uk – Theguardian.com (Penny Pepper) 16/07/2014