Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU interpelé sur les droits de l’enfant

Publié le 8 Mar, 2018

A l’occasion de la 37ème session du Conseil des droits de l’homme[1] le 6 mars 2018, Grégor Puppinck, docteur en droit et Directeur du Centre Européen pour le Droit et la Justice (ECLJ-Strasbourg), est intervenu lors du dialogue interactif avec la Rapporteur spécial sur la vente d”enfants pour alerter sur les menaces qui pèsent sur les droits de l’enfant.

 

L’ECLJ s’inquiète de la violation croissante des droits des enfants, dès avant leur naissance.

 

Les discriminations les plus graves ne portent plus aujourd’hui sur la « race » ou sur le « sexe », mais sur « l’âge » et visent les enfants. Tout comme le racisme et le sexisme, cette discrimination rabaisse les enfants au rang d’objet soumis au pouvoir d’autrui.

 

Les enfants, avant leur naissance, ont été déchus de leurs droits. Ils ne sont plus une « personne humaine » mais une « chose ». Comme les esclaves, on peut les tuer, les vendre et les acheter.

 

On les prive aussi de leur identité et filiation lorsque les pays imposent le secret de l’origine des enfants conçus par procréation artificielle anonyme.

 

Cette nouvelle injustice est encore aggravée lorsque les enfants sont conçus au bénéfice de personnes célibataires ou de couples de même sexe car ils sont alors privés d’un père ou d’une mère.

 

Et ce n’est pas tout, car les enfants sont aussi, à présent, les principales victimes de l’eugénisme.

 

Notre société les sélectionne, les tue, les vend, les prive de leur identité et de leurs parents !

 

Le fait que ces actes soient commis avant leur naissance ne les rend pas plus légitimes, au contraire, car ils ciblent les êtres les plus vulnérables.

 

(…) Les enfants sont pris au piège de l’égoïsme des adultes, des intérêts de l’industrie biomédicale et de l’eugénisme.

 

Face à ce triple piège, votre mission est grande, et nous nous réjouissons que vous refusiez tout « droit à l’enfant ». Mais ce n’est pas en tolérant la gestation par autrui commerciale, comme vous le recommandez, ni en faisant de l’avortement un droit, comme l’envisage le Comité des droits de l’homme (cf. ONU : Vers la fin de la Déclaration universelle des droits de l’homme ?, ONU : le “droit à la vie” sur la sellette, ONU : le retour de la culture de mort et ONU : la définition du droit à la vie en débat), que le sort des enfants sera amélioré. Bien au contraire !

 

L’ECLJ souhaite rappeler à ce Conseil que la défense des « droits des enfants » passe d’abord par le refus de tout prétendu « droit sur la vie des enfants ».

 

[1] Le Conseil des droits de l’homme est un organe intergouvernemental du système des Nations Unies, composé de 47 États qui ont la responsabilité de renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme autour du globe. Dans son rapport, la Rapporteuse, Mme de Boer-Buquicchio, recommande aux États de donner une base légale à la GPA dite « altruiste », qui, contrairement à la gestation pour autrui commerciale (rémunérant la mère porteuse), ne devrait être considérée comme une vente d’enfant.

Grégor Puppinck

Grégor Puppinck

Expert

Grégor Puppinck est Directeur de l'ECLJ. Il est docteur en droit, diplômé des facultés de droit de Strasbourg, Paris II et de l'Institut des Hautes Études Internationales (Panthéon-Assas).

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