Le comité international de bioéthique (CIB) de l’Unesco, composé de trente-six experts indépendants (scientifiques, philosophes, juristes, ministres) s’est réuni à Paris les 29, 30 septembre et 1er octobre. Il a rendu public lundi un rapport dévoilant sa « réflexion sur le génome humain et les droits de l’homme ». Le CIB a appelé à un moratoire « sur les techniques ‘d’édition’ de l’ADN des cellules reproductrices humaines afin d’éviter une modification ‘contraire à l’éthique’ des caractères héréditaires des individus, qui pourrait faire resurgir l’eugénisme ».
Depuis 2012, de nombreuses techniques ont été mises au point par des chercheurs dans le domaine de l’édition de l’ADN. La technique la plus connue étant le CRISPR-Cas9 qui permet aux chercheurs « d’insérer, de retirer et de corriger l’ADN de façon simple et efficace ». Si la technique est prometteuse, car elle « ouvre des perspectives pour traiter voire guérir certaines maladies de façon simple et efficace » comme la mucoviscidose et certains cancers, elle peut cependant rendre plus accessible la modification du génome humain et entraîner, en donnant par exemple la possibilité de modifier l’ADN humain pour « déterminer la couleur des yeux du bébé » par exemple, sur la pente de l’eugénisme.
« Les interventions sur le génome humain devraient être autorisées uniquement pour des raisons de prévention, de diagnostic et de thérapeutique et sans que cela entraine des modifications pour la descendance, sinon cela risque de menacer l’égalité et la dignité de tous les êtres humains et de faire renaître l’eugénisme », estime le comité.
Note Gènéthique
Pour en savoir plus sur la technique CRISPR-Cas9 et les débats suscités par son utilisation, cf. Gènéthique des 11 juin 2014, 1er avril 2015 et 4 septembre 2015.
AFP (05/10/2015) – Notre Temps (05/10/2015)