Le docteur Xavier Mirabel, président du Collectif contre l’Handiphobie, a été interrogé par le journal « La Croix » à l’occasion de l’examen par la Cour de cassation de deux nouvelles demandes de réparation pour la naissance d’enfants trisomiques. Xavier Mirabel dénonce la logique de la justice qui indemnise un enfant handicapé du fait de sa naissance. « Cette quête d’indemnisation, qui conduit à rechercher un coupable pour être aidé est l’inverse de la solidarité. » Elle détruit les familles qui pour être aidées doivent dire qu’elles auraient préféré que leur enfant ne soit pas là. Le docteur Mirabel est particulièrement choqué du message qu’il a entendu à la Cour de cassation : « j’ai entendu parler de « perte de chance » de n’avoir pas été avorté, de « préjudice esthétique ». « Pour moi qui suis père d’une enfant trisomique, c’est difficile à supporter ». Le Collectif réclame une loi pour interdire ce type d’indemnisations. X. Mirabel qui a rencontré beaucoup d’élus rappelle que les clivages ne sont pas politiques mais dépendent du regard que chacun porte sur la personne handicapée. Il regrette en particulier « l’engrenage vicieux » du dépistage qui privilégie la sélection à la recherche, alors qu’ « il n’est pas plus idiot d’essayer de soigner un trisomique qu’un malade de l’Alzheimer ». « Donner des fonds à la recherche sur le handicap mental relève de la simple justice ». Mercredi 28 aura lieu l’audience du Collectif contre l’Handiphobie qui a attaqué l’État pour « faute lourde » au lendemain de l’Arrêt Perruche. Le docteur Mirabel est décidé à aller jusque devant la justice européenne pour faire respecter les droits des personnes handicapées.
La Croix 26/11/ 2001