Le 26 octobre dernier, la Maison de la Chimie accueillait le Big Bang Santé du Figaro. Le génome, l’e-patient, les robots et l’innovation, quatre thèmes qui ont servi de contours aux interventions des 27 invités, venus de tous les horizons, qui se sont succédés lors des 19 conférences et débats. Parmi eux se trouvaient entre autres, Olivier Brandicourt, Directeur Général de Sanofi, Cédric Villani, mathématicien et député de l’Essonne, Alexandra Henrion-Caude et Axel Kahn, tous deux généticiens. Gènéthique revient sur quelques-unes de ces interventions.
Très vite, le ton est donné. Parce qu’une simple prise de sang permet de connaître le génome du fœtus, l’arrivée du DPNI[1] inquiète le Professeur Dominique Stoppa-Lyonnet, chef de service génétique à l’Institut Curie. Elle craint son utilisation au-delà de la trisomie 21 et estime que la meilleure garantie contre l’eugénisme réside dans la capacité d’un Etat à accueillir l’enfant dans la société.
Sur les questions liées au génome, les grands défis seront abordés : séquençage de l’ADN, médecine prédictive, Crispr-Cas 9. Interrogée sur l’opportunité d’un test génétique systématique, Alexandra Henrion-Caude a appelé à la prudence : en matière de médecine prédictive, on est sur une science jeune. Imaginons notre ADN représenté par 3 000 romans de 500 pages chacun, à ce jour nous n’en connaissons qu’une page. Et il faut nécessairement prendre en compte l’environnement, car on ne peut pas tout faire dire à la génétique. S’il peut y avoir du bon à connaître le génome d’un patient, c’est dans la mesure où un soin va être mis en place. A la question « faut-il avoir peur de CRISPR-cas 9 ? », André Choulika, Fondateur et PDG de Cellectis, répond que la molécule a démocratisé l’édition du génome car le design d’un CRISPR est désormais accessible sur un ordinateur. Et, il alerte son auditoire : commençant à modifier le génome de l’embryon humain, on va créer une nouvelle espèce d’homme.
Sur les problématique autour de la robotique appliquée au domaine de la santé, Matthieu Durand, chirurgien urologue à Nice, pense que les robots utilisés dans le domaine de la chirurgie vont renforcer le contact entre le médecin et le patient. La chirurgie étant un art artisanal, dont le résultat dépend notamment de l’expérience du chirurgien et de sa dextérité, l’introduction de ces robots devrait permettre de réduire une part d’aléatoire dans la réalisation du geste chirurgical (cf. La chirurgie robotisée à l’épreuve des faits).
Pour Me Alain Bensoussan, avocat au barreau de Paris, les robots sont une nouvelle espèce en devenir. Et pour cette « nouvelle civilisation », il réclame la création d’un droit nouveau… (cf. Rapport Delvaux adopté : le Parlement Européen entre dans la fiction transhumaniste) !
[1] Dépistage prénatal non-invasif : Le DPNI pour remplacer le « dépistage standard » de la trisomie 21 ? et Les nouveaux tests de diagnostic prénatal non invasif (DPNI).