L’autoconservation des ovocytes pour convenance personnelle fait débat

Publié le 14 Avr, 2013

Dans son supplément Science & Techno, le quotidien Le Monde revient sur le récent débat de l’autoconservation des ovocytes (1) pour convenance personnelle. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) s’était en effet déclaré favorable à cette pratique en décembre dernier (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 13/12/2013), suscitant de nombreuses réactions (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 08/01/2013), et notamment celles de gynécologues et de médecins de la procréation. 

L’autoconservation des ovocytes pour convenance personnelle ne s’adresserait pas aux femmes de 18 à 25 ans, mais aux femmes de 35 ans qui n’auraient pas encore “exaucé leur désir d’enfant” et dont “les ovaires travaillent encore correctement“. “Un leurre total” pour Pascale Hoffmann, chef de l’unité de médecine de procréation au CHU de Grenoble, qui déplore que ce ne soit pas la société qui s’adapte à l’horloge biologique. 
Le côté financier n’est pas à négliger non plus. Bien que le CNGOF précisait que le financement de l’autoconservation des ovocytes pour convenance personnelle “éviterait à l’assurance-maladie des prises en charges inefficaces de l’infertilité“, le Pr Sylviane Hennebicq, médecin biologiste au CECOS de Grenoble, ne voit derrière ce positionnement “qu’ ‘un lobbying des centres de FIV privés’ “. Car si cette pratique était légalisée, elle ne serait pas gérée dans les hôpitaux publics qui n’en auraient pas les moyens, “ni prise en charge par la Sécurité sociale ‘qui ne pourrait pas rembourser sur indications sociétales“. Il s’agirait d”un commerce lucratif des cliniques privées pour femmes aisées” renchérit le Pr Hennebicq médecin biologiste au CECOS de Grenoble. 

La journaliste rappelle en outre que l’autoconservation des ovocytes demande des traitements lourds, une efficacité encore incertaine : d’après la dernière étude il faut au moins “huit ovocytes  vitrifiés pour obtenir un taux de naissance de 46%“, soit “huit ovocytes pour qu’une femme sur deux ait un enfant“.
Ainsi, même si la vitrification sociétale était légalisée, des “doutes subsistent quant au nombre de femmes prêtes à franchir le cap sans assusrance de grossesse“.

(1) Pour rappel, la congélation des ovocytes féminins, par vitrification, est une méthode de congélation rapide. En France, elle est “réservée à un cadre médical (dans les cas de cancers notamment) ou pour le don à des couples, composés d’un homme et d’une femme, infertiles“.
 

Le Monde – supplément Science & Techno – (Camille Bordenet) 13/04/15

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