La sédation terminale, un enjeu pour les soins palliatifs ?

Publié le 19 Mai, 2015

La Société française de soins palliatifs (SFAP) organise aujourd’hui une journée de réflexion pour « mettre à plat les divergences du mouvement sur la sédation terminale ». En effet, si le président de la SFAP, Vincent Morel, qui a soutenu et contibué à la proposition de loi Claeys-Leonetti, estime que « c’est un texte d’équilibre qui respecte l’autonomie du patient tout en protégeant les plus fragiles », sa position est « loin d’être unanimement partagé ».

 

Jean-François Ruys, par exemple, est cadre de santé au sein de l’HAD[1]. Il craint que la sédation terminale soit « une solution de facilité gommant les alternatives qui sont pourtant le cœur de notre mission ». Le « manque de moyens et de volonté politique » pour diffuser les soins palliatifs, seuls 20% des patients concernés en bénéficient, ne font qu’entretenir les inquiétudes des membres de la société savante.

 

Ces dissensions mises à jour, mettent en évidence le « tournant historique » dans lequel sont engagés les soins palliatifs qui « se sont construits sur un modèle alternatif et pluridisciplinaire (…), sont en passe de devenir une spécialité médicale comme les autres, où la technique est centrale », explique Jérôme Alric, psychologue en soins palliatifs. « Comment faire droit à l’accompagnement, à l’écoute, au non-abandon – à la relation en somme – si la mort est surmédicalisée ? »

 

En Belgique, l’adoption du dispositif légal sur la fin de vie en 2002, qui a autorisé l’euthanasie sous certaines conditions, a profondément modifié l’approche palliative traditionnelle. « Sur le terrain, les fédérations régionales de soins palliatifs ont peu à peu adopté la notion de ‘soins palliatifs intégraux’, qui ne considèrent pas l’euthanasie comme un échec des soins palliatifs ou même comme une pratique antagoniste à ceux-ci, mais comme une option complémentaire, voire équivalente à tout autre acte palliatif. » Les formations dispensées aux soignants veulent convaincre que « donner la mort peut s’inscrire aussi dans une logique palliative », pour que les équipes puissent à la fois « maîtriser la douleur » et « répondre à une demande d’euthanasie ». Une posture où partisans et opposants s’affrontent, ces derniers craignant que l’euthanasie ne « devienne un raccourci ‘efficace’ et ‘confortable’ face à la prise en charge palliative conventionnelle de plus en plus difficile, en raison de l’engorgement actuel des structures de soins palliatifs et de leur coût ». Pour Cartherine Dopchie, cancérologue et oncologue à Tournai et responsable d’une unité de soins palliatifs, l’euthanasie « étouffe dans l’œuf les progrès qui sont encore à faire dans l’accompagnement de la souffrance psychologique et spirituelle ».

 

Aujourd’hui, le député Jean Leonetti doit intervenir avec Alain Claeys pour expliciter le texte dans le cadre de la journée organisée par la SFAP : « Nous allons nos efforcer de rassurer les équipes de soins palliatifs ».

 

[1] Hospitalisation à domicile

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