« Déconstruisant les fondamentaux, préparant une société déstabilisée, la loi de bioéthique n’est pas progressiste mais profondément délétère ». Dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles, Christian Flavigny[1], pédopsychiatre et psychanalyste, répond, sous la forme d’une lettre au Président de la république, Emmanuel Macron, qui contestait que « le père soit forcément un mâle ».
« Être Père au regard de l’enfant, explique Christian Flavigny, comporte deux conditions. » Tout d’abord, explique le pédopsychiatre, « avoir partagé avec la mère le pouvoir procréateur », c’est-à-dire « être celui qui avec la mère a fondé pour l’enfant son originaire ». Ensuite, « transmettre à son enfant d’avoir été le fils de son propre père ». Il insiste : « Cette transmission est essentielle car elle instaure le principe de régulation du lien parent-enfant, ce que l’on appelle les interdits familiaux de l’inceste et du meurtre », et il dénonce l’oubli de « ces fondements anthropologiques » consacré par la loi de bioéthique.
La privation de père que la loi instaure ne pourra être remplacée par aucun substitut. Une autre femme, loin de pouvoir s’attribuer le statut de « co-mère » pourra au mieux « jouer un rôle de relais maternant ». Du côté du géniteur, la levée de l’anonymat ne répondra pas « à la carence de père que la parole collective aura validée ».
Pour Christian Flavigny, « l’actuelle loi est donc fallacieuse car elle est sans signification accessible pour une psyché d’enfant » qui ne connait « sa mère » que s’il y a « son père ». Il poursuit : « Les places symboliques s’interdéfinissent mutuellement » et il conclut qu’usurper « le sens des mots est une insigne violence à l’égard de l’enfance et de ses besoins fondamentaux, c’est une tromperie à l’égard des générations à venir ».
Valeurs actelles (13/02/2020)