La première génération des enfants nés d’un don de sperme veut faire entendre sa voix

Publié le 10 Fév, 2013

 Avec un recul de quarante ans sur les techniques de procréation médicalement assistée (PMA), et face aux partisans de l’anonymat du don de gamètes, les membres de l’association procréation médicalement anonyme (PMA) considèrent que "l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation implique au préalable de devoir prendre en compte [leur] expérience, celle des parents et des donneurs". 
Ainsi, Clément Roussial, aujourd’hui âgé de 23 ans et né par insémination artificielle avec donneur anonyme, explique: "à 12 ans, j’ai commencé à avoir des doutes. J’avais du mal à trouver les ressemblances avec mon père. Lors d’une promenade au bord de l’eau, il m’a finalement confié qu’il n’était pas la personne qui m’avait fait. J’ai sauté dans ses bras. C’était un choc mais aussi un soulagement. Avant, j’imaginais un viol, un adoption". 
Plus généralement, les enfants de l’association PMA et nés d’un don de spermes s’accordent à dire que "savoir qu’un Cecos [Centres d’Etudes et de Conservation des Oeufs et du Sperme: ndlr] détient le secret de vos origines génétiques, que cette identité existe, mais qu’elle vous est interdite, c’est une ‘forme de torture psychologique’, ‘la partie de l’histoire impossible à accepter’ ". Ainsi, Audrey Gouvin, présidente de l’association PMA, explique que les membres de cette association plaident "pour la reconnaissance de leurs origines pour les enfants conçus par dons de gamètes avec l’accord du donneur". 
Clément Roussial poursuit: "Nous sommes envahis par un grand sentiment d’injustice, d’humiliation. Tout nous renvoie à ce manque: la visite chez le médecin où l’on vous demande des informations médicales sur vos parents, une remarque anodine sur votre ressemblance avec untel. Il n’y a pas de limite à l’imagination, au fantasme, c’est épuisant…". De même, Thibault, étudiant âgé aujourd’hui de 23 ans précise: "les deux interrogations qui me hantent sont celles du visage de ce père et celle de sa motivation à donner la vie".  
Mais l’association PMA ne rassemble pas que des enfants nés d’un don de gamète anonyme. Elle comprend également des donneurs, comme Alain Tréboul, aujourd’hui grand-père de sept petits-enfants. Il précise: "A l’origine, j’ai dit oui pour aider des couples. Maintenant, j’entends le témoignage des enfants qui se posent ces questions, et je me dis que, si ça se trouve, ils soufrent de ne pas me rencontrer alors que je serais prêt à le faire, même si je ne serai jamais leur père, même si j’ai déjà une famille". Il termine en faisant part de son incompréhension: "Je ne vois pas pourquoi je ne leur donnerais pas une photo. Je ne suis pas spécialement curieux, c’est l’interdit qui est pénible". 

 Le Figaro (Agnès Leclair) 09/02/13

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