Alors que le nouveau ministre de la Santé de l’administration Trump, Robert F. Kennedy Jr, a indiqué que le président des Etats-Unis lui avait demandé de « réévaluer la sûreté de la mifépristone »[1] utilisée dans le cadre d’avortements médicamenteux, une étude [2] suggère qu’une pilule utilisée pour la « contraception d’urgence » pourrait être réutilisée à une dose plus élevée comme produit abortif.
Une « efficacité » similaire à la mifépristone
La mifépristone inhibe l’action de la progestérone, une hormone nécessaire à la poursuite de la grossesse. Elle est généralement utilisée en combinaison avec le misoprostol, qui provoque des contractions et des saignements (cf. IVG médicamenteuse : « de nombreuses femmes ne sont pas préparées à l’intensité de la douleur »).
Dans le cadre de l’étude, 133 femmes enceintes de « neuf semaines au maximum » ont pris une dose de 60 milligrammes d’acétate d’ulipristal [3], l’ingrédient actif du « contraceptif » Ella, suivie de misoprostol 24 heures plus tard. Dans 97% des cas, cette combinaison a conduit à provoquer un avortement : ce qui correspond à une « efficacité » égale à celle de la combinaison mifépristone-misoprostol. L’étude indique que « quatre femmes ont eu besoin d’une intervention ou d’un médicament supplémentaire pour terminer l’avortement ».
Quelle information des femmes ?
Le Dr Daniel Grossman, de l’Université de Californie à San Francisco, considère que « des recherches supplémentaires » sur l’ulipristal en tant que « médicament abortif » sont nécessaires, avant que les médecins ne le prescrivent pour cet usage « en routine » [4].
Le fabriquant du « contraceptif d’urgence » Ella assure sur son site internet que le produit « ne met pas fin à une grossesse existante ». Certes la dose de 60 milligrammes d’ulipristal utilisée dans l’étude est deux fois supérieure à la dose habituelle d’un comprimé Ella, mais comment garantir qu’une moindre dose n’ait jamais d’effet abortif ?
Sans attendre de « recherches supplémentaires », ne serait-il pas normal d’informer les femmes des effets potentiels de cette « contraception d’urgence » ? (cf. « Contraception d’urgence » : quelle information des femmes ?)
[1] AFP (29/01/2025)
[2] Beverly Winikoff et al, A Proof-of-Concept Study of Ulipristal Acetate for Early Medication Abortion, NEJM Evidence (2025). DOI: 10.1056/EVIDoa2400209
[3] L’acétate d’ulipristal (EllaOne®), est un modulateur sélectif de la progestérone. Il peut être pris jusqu’à 120 heures après le « rapport à risque ».
[4] Medical Xpress, Carla K. Johnson, Emergency contraception pill could be an alternative to mifepristone for abortions, study suggests (24/01/2025)