La « pilule du lendemain », une nouvelle pilule abortive ?

Publié le 31 Jan, 2025

Alors que le nouveau ministre de la Santé de l’administration Trump, Robert F. Kennedy Jr, a indiqué que le président des Etats-Unis lui avait demandé de « réévaluer la sûreté de la mifépristone »[1] utilisée dans le cadre d’avortements médicamenteux, une étude [2] suggère qu’une pilule utilisée pour la « contraception d’urgence » pourrait être réutilisée à une dose plus élevée comme produit abortif.

Une « efficacité » similaire à la mifépristone 

La mifépristone inhibe l’action de la progestérone, une hormone nécessaire à la poursuite de la grossesse. Elle est généralement utilisée en combinaison avec le misoprostol, qui provoque des contractions et des saignements (cf. IVG médicamenteuse : « de nombreuses femmes ne sont pas préparées à l’intensité de la douleur »).

Dans le cadre de l’étude, 133 femmes enceintes de « neuf semaines au maximum » ont pris une dose de 60 milligrammes d’acétate d’ulipristal [3], l’ingrédient actif du « contraceptif » Ella, suivie de misoprostol 24 heures plus tard. Dans 97% des cas, cette combinaison a conduit à provoquer un avortement : ce qui correspond à une « efficacité » égale à celle de la combinaison mifépristone-misoprostol. L’étude indique que « quatre femmes ont eu besoin d’une intervention ou d’un médicament supplémentaire pour terminer l’avortement ».

Quelle information des femmes ?

Le Dr Daniel Grossman, de l’Université de Californie à San Francisco, considère que « des recherches supplémentaires » sur l’ulipristal en tant que « médicament abortif » sont nécessaires, avant que les médecins ne le prescrivent pour cet usage « en routine » [4].

Le fabriquant du « contraceptif d’urgence » Ella assure sur son site internet que le produit « ne met pas fin à une grossesse existante ». Certes la dose de 60 milligrammes d’ulipristal utilisée dans l’étude est deux fois supérieure à la dose habituelle d’un comprimé Ella, mais comment garantir qu’une moindre dose n’ait jamais d’effet abortif ?

Sans attendre de « recherches supplémentaires », ne serait-il pas normal d’informer les femmes des effets potentiels de cette « contraception d’urgence » ? (cf. « Contraception d’urgence » : quelle information des femmes ?)

 

[1] AFP (29/01/2025)

[2] Beverly Winikoff et al, A Proof-of-Concept Study of Ulipristal Acetate for Early Medication Abortion, NEJM Evidence (2025). DOI: 10.1056/EVIDoa2400209

[3] L’acétate d’ulipristal (EllaOne®), est un modulateur sélectif de la progestérone. Il peut être pris jusqu’à 120 heures après le « rapport à risque ».

[4] Medical Xpress, Carla K. Johnson, Emergency contraception pill could be an alternative to mifepristone for abortions, study suggests (24/01/2025)

Partager cet article

Synthèses de presse

La Toscane adopte un règlement sur le suicide assisté
/ Fin de vie

La Toscane adopte un règlement sur le suicide assisté

La Toscane est devenue, le 11 février 2025, la première région italienne à adopter un règlement détaillant les modalités d'accès ...
Le programme d’éducation à « la vie affective, relationnelle, et à la sexualité » publié au Bulletin officiel
/ Genre

Le programme d’éducation à « la vie affective, relationnelle, et à la sexualité » publié au Bulletin officiel

Le programme Evars a été publié au Bulletin officiel de l’Education nationale le 6 février, pour une mise en œuvre ...
Un Québécois coupable d’agressions sexuelles euthanasié : « Il ne sera jamais puni pour ce qu’il nous a fait »
/ Fin de vie

Un Québécois coupable d’agressions sexuelles euthanasié : « Il ne sera jamais puni pour ce qu’il nous a fait »

Un Québécois reconnu coupable d’agressions sexuelles sur des mineurs a été euthanasié le 4 février. « Il n’aura finalement pas passé ...

 

Textes officiels

 

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres

Recevez notre lettre hebdomadaire

Recevez notre lettre hebdomadaire

Chaque semaine notre décryptage de l'actualité bioéthique et revue de presse.

Votre inscription a bien été prise en compte.