A la suite des États généraux de la naissance qui se sont déroulés au ministère de la santé le 6 juin dernier, le journal La Croix consacre un dossier spécial à ce sujet.
Si la majorité des femmes estiment que la sécurité lors de l’accouchement est essentielle, elles attendent qu’une plus grande place soit réservée à l’accompagnement humain. Elles dénoncent une certaine dépersonnalisation et une médicalisation excessive de la grossesse.
Michel Naiditch, chercheur en santé publique au DIES (Développement, innovation, évaluation, santé) estime qu"’on a en France des techniques d’accouchement extrêmement stressantes […] qui correspondent à une façon mortifère de considérer la vie, ce dont les obstétriciens n’ont pas conscience." "On traite la grossesse comme une maladie, avec des parents qu’on rend "incompétents", alors qu’on voudrait qu’ils deviennent des parents parfaits" ajoute t-il.
Une jeune maman témoigne ainsi " j‘ai été suivi avec des rendez-vous où le médecin cherchait uniquement ce qui n’allait pas, ce qui nous met dans une situation de peur et laisse entendre que le corps médical est là pour nous sauver. Si bien qu’à la fin on est angoissé et on doute de nous : et si jamais il arrivait quelque chose ?"
Myriam Szejer, pédopsychiatre et psychanalyste à la maternité Antoine Béclère à Clamart rappelle que cette hypermédicalisation qui dans un premier temps semble rassurante, apparaît par la suite angoissante puisque l’on cherche à évaluer les risques et repérer d’éventuelles anomalies.La naissance est considérée sous l’angle de la pathologie avant d’être prise sous l’angle de la vie ce qui génère angoisse et insécurité. Ceci est également valable pour l’accouchement lui même. Elle dénonce le fait que l’on minimise l’accompagnement par rapport à la technique. Cette surmédicalisation entraîne un sentiment d’insécurité puis après la naissance une sensation d’infantilisation.
La Croix (Christine Legrand) 11/06/03